Peut on courir avec une arthrodese de la cheville

Julien Lopez est chirurgien orthopédiste spécialisé dans la chirurgie de l’arthrose de la cheville, et intervient à Nice proche de Monaco, Antibes, Cannes et Saint-Raphael.

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Opérer l’arthrose des chevilles et des pieds ? Pourquoi pas ! Mais avant, essayons de comprendre ce qu’est l’arthrose

Avant d’expliquer comment opérer l’arthrose des chevilles et des pieds, prenons le temps d’expliquer ce qu’est l’arthrose et à quoi elle correspond sur le plan anatomique.

L’arthrose c’est l’usure du cartilage d’une articulation. Elle est souvent appelée ostéoarthrite. La cheville par exemple, est l’articulation située entre la jambe et le pied (entre le tibia et le talus) qui permet les mouvements de flexion plantaire ou dorsale (extension). Au niveau d’une articulation, les os glissent entre eux grâce à un revêtement que l’on appelle "cartilage" : il est blanc et lisse comme un œuf dur. Lorsque le cartilage se dégrade, on parle d’arthrose.

Pourquoi ça arrive et quels sont les facteurs aggravants?

Dans la plupart des cas, aucune cause n’est retrouvée : on parle alors d’arthrose "primitive". Plusieurs centaines de pas sont réalisés chaque jour et il est facile de comprendre que le cartilage aura tendance à s’abimer dans le temps, comme toute structure mécanique. C’est le vieillissement naturel du corps humain qui s’exprime. L’arthrose touche principalement les patients de plus de 50 ans. Cette usure est accélérée en cas de problèmes d’axes au niveau de la jambe ou de déformations des pieds comme le pied plat ou le pied creux.

En revanche lorsque l'arthrose est provoquée par une cause connue, on parle d’arthrose "secondaire". Citons par exemple les traumatismes tels que les fractures de cheville ou entorses (on parle alors d’arthrose post-traumatique) ou des maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde. Dans la polyarthrite rhumatoïde, le mécanisme de destruction du cartilage n’est pas mécanique mais inflammatoire : on parle d’arthrite de cheville. On peut également parler du patient sportif chez lequel les microtraumatisme répétés favorisent la survenue d’une arthrose.

Les symptômes de l’arthrose du pied ou de la cheville

Les signes de l'arthrose de cheville sont la douleur, la raideur et le gonflement . Elle entraine un retentissement fonctionnel principalement douloureux et limitation du périmètre de marche pouvant aller jusqu’à une boiterie ou l’utilisation d’une canne. La douleur est dite mécanique c’est-à- dire qu’elle s’exprime à chaque fois que le pied est sollicité comme lors de la marche, de la course à pied, de la montée ou descente des escaliers, du vélo et quelquefois lors du passage de la position assise à debout. La raideur est la diminution de la capacité de mobilité d’une articulation. La flexion de cheville devient limitée. La douleur s’accompagne souvent d’un gonflement en raison d’un épanchement articulaire (épanchement de synovie) souvent associé. Dans de rares cas, on peut observer des blocages ou des pseudo-blocages articulaires et des craquements.

Ces symptômes apparaissent généralement lentement dans le cadre d’une arthrose primitive mais ils peuvent également s’inscrire dans le cadre d’une forme aiguë « on parle alors de poussée d’arthrose ou de crises aigue». Dans le cadre d’une arthrose secondaire comme l’arthrose post-traumatique, les symptômes peuvent apparaitre plusieurs années après le traumatisme et évoluer rapidement.

Elle nécessite une consultation avec un chirurgien spécialiste et un bilan d’imagerie comprenant des radiographies standards. Ces examens permettent de préciser l’articulation atteinte et le degrés d’arthrose. Parfois, il est utile de réaliser d’autres examens comme une IRM pour rechercher des lésions associées.

En conclusion, comme pour toutes les autres articulations du pied, l’arthrose de cheville se
manifeste principalement par des douleurs lors de la marche ou de la pratique sportive.

Comment ça évolue ?

En l’absence de traitement de l’arthrose de la cheville, le cartilage s’abîme de plus en plus, et l’arthrose s’aggrave progressivement. Les activités diminuent, le périmètre de marche devient limité, la douleur et la gêne fonctionnelle augmentent obligeant parfois les patients à s’aider d’une canne lors de la marche.

Comment prévenir l’arthrose et son aggravation ?

Il n’existe pas de traitement qui permet de guérir l’arthrose de cheville. En revanche, il est possible de limiter l’aggravation en adaptant son mode de vie et en respectant certaines consignes simples :

En cas de surpoids, il est recommandé de perdre du poids pour limiter la surcharge pondérale. Les articulations du pied fonctionnent en charge, tout excès de poids se traduira par des contraintes excessives dans les articulations avec un risque accrue d’arthrose et de douleur.

En présence d’une arthrose avérée, il faudra privilégier l’économie articulaire. L’économie articulaire consiste à diminuer la sollicitation des articulations abimées en adaptant la pratique sportive ou professionnelle.

La pratique d’une activité physique en salle de sport, à la maison ou avec un kinésithérapeute est bénéfique pour votre corps et pour vos articulations. La souplesse peut également être travaillée lors de séances de yoga ou de pilate. Une cheville souple et musclée sera mieux protégée de l’arthrose.

Si vous faites de la randonnée ou de la marche, privilégier des chaussures montantes et serrées qui tiennent correctement la cheville.

Comment soigner et soulager l’arthrose de cheville sans opérer ?

Lors de la consultation, le chirurgien recherchera les différents symptômes de l’arthrose et précisera vos habitudes. Il évaluer le retentissement fonctionnel de vos symptômes sur vos activités quotidiennes et de loisirs. Il procédera ensuite à un examen pour définir le siège de l’articulation atteinte, les mobilités articulaires ou la présence de facteur de risque comme des déformations d’axes. Le chirurgien prescrit ensuite un bilan d’imageries pour objectiver le diagnostic et évaluer le stade de l’arthrose. Les 4 signes radiographiques de l’arthrose sont :

  • Le pincement articulaire : c’est la diminution de la hauteur de l’interligne en raison de l’usure du cartilage
  • Les ostéophytes sont des productions osseuses autour de l’articulation malade. Ils servent à protéger la dégradation du cartilage en limitant la mobilité (raideur) mais peuvent parfois devenir eux-même la cause de douleur.
  • Les géodes sont des « trous » dans l’os
  • La condensation sous-chondrale se traduit par un aspect blanchatre sous l’interligne. Elle témoigne d’une surcharge mécanique de l’articulation.

Concernant l’arthrose de la cheville et du pied, le traitement est toujours médical en première intention. Avant d’envisager une opération de l’arthrose du pied (sous talienne ou talo-naviculaire), on débute par un traitement non opératoire. L’objectif est de diminuer les douleurs, mais cela n’empêche pas l’arthrose d’évoluer.

Le traitement médical offre plusieurs possibilités :

  • Fabrication de semelles orthopédiques sur mesure par le podologue : elles permettent d’amortir, une meilleure répartition des appuis ou de corriger un défaut d’axe.
  • Infiltrations : ce sont des injections d’huile (visco-supplémentation) ou d’anti-inflammatoire (seul ou associés) dans la cheville.
  • Adaptation de l’activité physique et de la pratique sportive : on privilégiera des sports moins sollicitants pour la cheville.
  • Adaptation des chaussures : privilégiez celles qui offrent un bon maintien pour la cheville (chaussure de montagne par exemple)
  • Médicaments antalgiques et/ou anti-inflammatoires : ils peuvent être prescrits en cas de crise douloureuse.
  • Kinésithérapie : permet le maintien de la souplesse du pied
  • Perte de poids en cas de surcharge pondérale

La chirurgie de l‘arthrose en général : Comment ça se passe ? Quand faut-il opérer ? Quels gestes réalisent le chirurgien ? On vous explique tout...

Lorsque le traitement médical n’est plus efficace et que la gêne fonctionnelle est importante, on peut proposer la chirurgie de l’arthrose de la cheville ou d’autres articulations. Le principe chirurgical dépend du niveau de demande fonctionnelle (niveau d’activité), de l’âge du patient ainsi que de l’articulation touchée et de son degré d’atteinte. L’objectif du traitement chirurgical est de faire disparaître les douleurs, d’avoir un pied ou une cheville chaussable et axé compatible avec vos désirs fonctionnels.

L’hospitalisation

L’intervention se déroule habituellement en ambulatoire (durée d’hospitalisation d’une journée) ou en hospitalisation en fonction du type d’intervention réalisée.

L’anesthésie

  • Vous devrez réaliser la consultation pré-anesthésique obligatoire avec l’anesthésiste. Au décours de cette consultation, l’anesthésiste vous expliquera les modes d’anesthésie possibles en fonction de vos pathologies associées et du geste opératoire prévu. Si besoin, il adaptera votre traitement avant et après l’intervention et pourra prescrire des anticoagulants, des antalgiques, des anti-inflammatoires ou autres.
  • Plusieurs types d’anesthésie sont possibles : vous pourrez bénéficier d’une anesthésie locale ou locorégionale signifiant que seule votre jambe sera désensibilisée : c’est la plus fréquente. L’anesthésie générale est également une solution si vous préférez dormir.

L'intervention

  • Avant l’opération d’une arthrose du pied ou de cheville : vous serez installé sur un brancard puis emmené en salle de pré-anesthésie. Si besoin, l’anesthésie locorégionale sera réalisée avant la rentrée en salle d’opération.
  • L’installation sur la table d’opération dépend du type de chirurgie réalisée. Vous pouvez être installé sur le côté ou en décubitus dorsal (c’est-à-dire sur le dos) en cas de prothèse de cheville
  • Le garrot : Pendant toute la durée de l’intervention, un garrot est habituellement placé au niveau de la cheville ou de la cuisse pour éviter les saignements.
  • L’incision : La taille de l’incision varie avec le siège de l’articulation atteinte et la technique opératoire utilisée par le chirurgien. Avec des techniques arthroscopiques, les incisions mesurent quelques millimétriques. Le chirurgien travaille par de petits « trous » en introduisant une caméra et des instruments. La technique dite à « ciel ouvert » nécessite une incision de plusieurs centimètres.
  • Le geste chirurgical : Le geste chirurgical varie également avec l’articulation atteinte et le stade de l’arthrose. On peut décrire généralement différents type de traitement chirurgical dans l’arthrose :
  • L’arthroscopie est pratiquée dans les stades débutants d’arthrose et lorsque l’articulation est accessible. Elle permet un débridement articulaire, la suppression de conflit osseux ou tissulaire, le nettoyage articulaire et le retrait de corps étranger ou des tissus inflammatoires.
  • L’arthrodèse consiste à supprimer l’articulation en fusionnant les 2 os malades afin de supprimer définitivement les douleurs. Le cartilage malade est retiré puis l’articulation est fixée avec du matériel (vis, plaque, agrafes) en attendant la consolidation. L’inconvénient principal est la perte de la mobilité de l’articulation concernée. Toutes les articulations peuvent être arthrodésées.
  • La prothèse articulaire (prothèse totale de cheville ou PTC) ou arthroplastie concerne seulement la cheville. L’articulation abimée est remplacée par une prothèse de cheville. La chirurgie de la prothèse de cheville nécessite une sélection des patients stricte et permet de de conserver la mobilité articulaire.
  • Les ostéotomies consistent à réaliser des fractures osseuses afin de modifier les axes et les contraintes cartilagineuses. Réalisées principalement au niveau du tibia, elles permettent de ralentir l’aggravation de l’arthrose pendant une dizaine d’années.
  • Le temps opératoire : la durée du geste chirurgical est en général de 30 minutes à 3 heures. L’intervention peut être plus longue en cas de gestes associés ou de difficultés opératoires.
  • Le matériel : dans la plupart des cas, les gestes opératoires nécessitent la mise en place d’implant comme des prothèses, vis, plaque, broches ou fils. Certains matériels peuvent etre retirés par la suite.
  • En fin d’intervention : le chirurgien réalise un pansement et immobilise le membre si besoin.

Il est important de noter que le chirurgien peut faire face à une situation imprévue ou inhabituelle imposant des actes différents que ceux prévus initialement. Dans ce cas, le chirurgien vous expliquera les difficultés rencontrées et les gestes réalisés dès votre réveil ou retour en chambre.

Quelles sont les suites opératoires ?

Expliquons un peu les suites d’une chirurgie de l’arthrose de la cheville ou d’une chirurgie d’une arthrose du pied.

  • L'APPUI : Dès la sortie du bloc opératoire, le membre est immobilisé dans une botte. L’appui est interdit ou limité dans la plupart des cas sauf en cas de prothèse totale de cheville. Cette limitation peut aller jusqu’à 6 semaines comme dans la cas d’une arthrodèse de cheville. Passé ce délai, vous pouvez remarcher progressivement et quitter la botte. Le chirurgien peut vous prescrire des cannes, un déambulateur ou un fauteuil roulant.
  • LE PANSEMENT ET SOINS A DOMICILE : En fin d’intervention, le chirurgien réalise un pansement. Des soins de pansements sont nécessaires tous les 2 jours jusqu’à cicatrisation complète. Une ordonnance vous sera remise par la secrétaire. Il faudra contacter une infirmière pour refaire le pansement à domicile dès votre retour à la maison.
  • L’OEDEME : L’œdème n’est pas une complication et c’est un phénomène fréquent après une telle opération. Pour accélérer sa résorption, il est recommandé de glacer régulièrement le pied et de mettre le pied en hauteur dès que vous sentez le gonflement. Il faut environ 3 mois pour que l’œdème soit résorbé à 80% et 6 à 9 mois pour que le pied et la cheville dégonflent complètement.
  • LES TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX : En fonction de vos antécédents, de vos comorbidités et de votre autonomie, l’anesthésiste peut prescrire un traitement anticoagulant par injection (voie sous-cutanée) ou par voie générale (per-os). Ce traitement permet de prévenir l’apparition d’une phlébite c’est-à-dire la formation d’un caillot dans les veines. Il est fortement conseillé de prendre les antalgiques prescrits de manière systématique pendant les 3 jours qui suivent la chirurgie.
  • LA KINESITHERAPIE : La kinésithérapie n’est pas systématique mais elle peut être prescrite par votre chirurgien. Elle est en général débutée dès la 4 ème semaine post-opératoire. Dans ce cas, une ordonnance vous sera remise par la secrétaire. Afin d’accélérer la récupération fonctionnelle et la fonte de l’œdème, l’auto rééducation est capitale.
  • LA CONDUITE ET ARRET DE TRAVAIL : La conduite automobile est interdite pendant 3 à 8 semaines (sauf si vous avez été opéré du pied gauche et que vous avec une voiture automatique). La durée moyenne d’arrêt de travail est de 45 jours à 6 mois jours en fonction de votre activité professionnelle. Les consignes de conduite et la durée d’arrêt de travail varient avec le type de chirurgie réalisée.
  • LES ACTIVITES SPORTIVES : La reprise de la natation et du vélo dépendent également du geste opératoire réalisé. Dans le cas d’une prothèse de cheville, la reprise du sport est possible dès la 3ème semaine. Dans la cas d’une arthrodèse, il faudra attendre plusieurs mois.
  • LE SUIVI POST-OPERATOIRE : Plusieurs rendez-vous post-opératoires sont nécessaires pour le suivi d’une chirurgie de l’arthrose de cheville ou de l’arthrose du pied. Le suivi de consultation dure généralement de 6 mois à 1 an. Un suivi annuel avec contrôle radiographique est nécessaire en cas de pose de prothèse totale de cheville.

En conclusion

Les suites opératoires dépendent de la chirurgie réalisée. Elles seront rapides dans le cas d’un simple débridement arthroscopique ou d’une prothèse de cheville. En cas d’arthrodèse, les suites sont plus longues avec une période de non appui pouvant aller jusqu’à 2 mois. Le chirurgien et l’anesthésiste vous préciseront les modalités en détails lors des consultations pré-opératoires.

Focus sur la chirurgie de l‘arthrose de la cheville

Plusieurs types de gestes chirurgicaux sont possibles lors de l’intervention de l’arthrose de la cheville. On distingue ceux qui conservent l’articulation de la cheville, on parle de « traitement conservateur », ce sont par exemples les ostéotomies. Puis les gestes « non conservateurs », c’est-à-dire que l’articulation n'est pas conservée comme dans l'arthrodèses ou la prothèse totale de cheville.

Important : Même si la prothèse de cheville est classée dans les traitements « non conservateur », elle présente l’avantage de conserver un mouvement articulaire contrairement à l’arthrodèse de cheville (blocage définitif).

1) Conservation de la cheville : les ostéotomies

Cette solution est envisageable quand la cheville n’est pas très abimée et qu’il reste encore du cartilage sain et en quantité suffisante pour fonctionner. Les ostéotomies sont des fractures réalisées au niveau du tibia ou du calcanéum pour corriger des problèmes d’axes. Cette correction permet de reporter les contraintes du cartilage malade sur le cartilage sain et de protéger de la dégradation articulaire. Ainsi on ralentit l’évolution de l’arthrose tout en conservant la mobilité de la cheville. Cela permet de reculer l’échéance d’une solution plus radicale (arthrodèse ou prothèse) de 10 ans en moyenne.

Ces interventions nécessitent souvent l’implantation de matériel opératoire (prothèse, plaques, vis, broches…) pour maintenir l’os en position en attendant sa consolidation. Le plus souvent il est mis en place un drain pendant quelques jours pour éviter un hématome. Dès la sortie du bloc opératoire, le membre est immobilisé dans une botte. L’appui est interdit ou limité dans la plupart des cas, cette limitation peut aller jusqu’à 6 semaines comme dans la cas d’une ostéotomie du tibia. Passé ce délai, vous pouvez remarcher progressivement et quitter la botte. Le chirurgien peut vous prescrire des cannes, un déambulateur ou un fauteuil roulant en fonction des situations.

2) Sacrifice de la cheville : l’arthrodèse

Le principe : L’arthrodèse est une fusion de l’articulation obtenue de manière chirurgicale. C’est l’intervention la plus souvent réalisée lorsque le stade du traitement conservateur est dépassé. C’est une solution définitive et durable qui permet de supprimer les douleurs articulaires. Cependant, elle entraine une perte de mobilité de la cheville et des mouvements de flexion extension.

La chirurgie : En pratique, le chirurgien peut réaliser l’arthrodèse de cheville sous arthroscopie (réalisation de mouchetures cutanées) ou à ciel ouvert (incision de 10cm). Le chirurgien retire la cartilage abimé restant puis fixe l’ensemble dans la position souhaitée. Ces interventions nécessitent souvent l’implantation de matériel opératoire (plaques, vis, broches…) pour maintenir l’os en position en attendant sa consolidation (fusion osseuse). Ce matériel peut être conservé s’il n’est pas gênant. Le plus souvent il est mis en place un drain pendant quelques jours pour éviter un hématome.

L’appui : Dès la sortie du bloc opératoire, le membre est immobilisé dans une botte. L’appui est interdit ou limité dans la plupart des cas, cette limitation peut aller jusqu’à 8 semaines. Passé ce délai, vous pouvez remarcher progressivement et quitter la botte. Le chirurgien peut vous prescrire des cannes, un déambulateur ou un fauteuil roulant.

Conséquences, avantages et risques : L’inconvénient principal reste la perte de mobilité de la cheville. Le blocage articulaire entraine une surcharge mécanique des articulations de voisinage avec un risque d’arthrose et de douleurs. Il est fréquent d’observer, 10 ans après la chirurgie, un récurvatum du genou ou une arthrose du couple de torsion. Cette intervention présente l’avantage d’être définitive et ne nécessite pas de reprise chirurgicale comme dans le cas d’une prothèse de cheville (sauf pour le retrait du matériel). Le risque principal (ou complication) de cette technique chirurgicale est la non consolidation (non fusion ou pseudarthrodèse de cheville). Le diagnostic de pseudarthrodèse est posé si la fusion osseuse n’est pas intervenue après 6 mois. Elle nécessite une reprise chirurgicale avec parfois une greffe osseuse.

La marche : La marche après une arthrodèse de cheville est possible sans boiterie dans la plupart des cas. Elle nécessite cependant plusieurs semaines ou mois de rééducation et des articulations saines (genou et hanche). Votre cerveau doit s’habituer à votre nouveau schéma de marche et cela prend du temps. Le port de talons hauts après arthrodèse de cheville n’est plus possible car votre cheville ne pourra pas s’adapter à la pente. En revanche, il est possible de marcher avec un talon de 2 ou 3 cm. Il faudra impérativement en avertir votre chirurgien afin qu’il règle la cheville dans une position compatible avec vos habitudes de vie.

Le sport : Le sport après arthrodèse de cheville est possible si le reste du pied et les articulations sus- jacentes (genou et hanche) sont sains. Vous pourrez pratiquez tous les sports que vous souhaitez. La course à pied ou les sports nécessitants des démarrages rapides peuvent être difficiles. Le vélo, la natation et la marche sont des ports qui doivent être repris en priorité car ils participent activement à votre rééducation. Si vous êtes un marcheur, pensez à investir dans de bonnes chaussures de randonnées.

3) Sacrifice de la cheville : la prothèse totale de cheville

Le principe : l’intervention consiste à remplacer les 2 versants de l’articulation de la cheville (tibia et astragale) par un implant prothétique articulé ou prothèse. Il est composés de 3 éléments:

  • une pièce métallique sur le tibia
  • une pièce métallique sur le talus
  • une pièce en plastique (polyéthylène) qui permet le glissement

La prothèse totale de cheville est une excellente alternative à l’arthrodèse à condition que les patients soit minutieusement sélectionnés. Contrairement à l’arthrodèse de cheville, la prothèse permet de conserver le mouvement et la fonction, de préserver la cartilage des articulations de voisinage et d’améliorer le schéma de marche.

Avant l’apparition des prothèses de dernière génération, la chirurgie prothétique de la cheville était associée à un taux important d’échec et de reprise chirurgicale. On peut attribuer ces échecs à une qualité de pose insuffisante et au design des prothèses qui ne respectait pas la biomécanique du pied (ligaments, forme osseuse et articulation de voisinage comme la sous-talienne). Aujourd’hui, avec l’arrivée des prothèses de dernière génération et notamment les guides de coupe sur mesure ou « guides de coupe personnalisés », la chirurgie de la prothèse de cheville est devenue fiable et reproductible, seul garant d’un résultat pérenne. Il n’en demeure pas moins un geste chirurgical technique qui nécessite un apprentissage long.

Indication

Une sélection rigoureuse des patients est indispensable avant la pose d’une prothèse totale de cheville, elle est le garant d’un bon résultat à moyen et long terme.

En présence d’une arthrose avérée de cheville, la prothèse totale de cheville et l’arthrodèse sont discutées. Comme nous l’avons évoqué plus haut, l’arthrodèse de cheville est une solution définive mais qui présente l’inconvénient majeur d’entrainer au fil des années, en plus du risque immédiat de non consolidation (pseudarthrodèse ou non fusion), une décompensation arthosique des articulations de voisinage (genou, sous talienne, chopard …).

Au contraire, la prothèse totale de cheville (PTC) permet, en conservant la mobilité de la cheville, de préserver un schéma de marche plus physiologique. La PTC prévient également la dégradation des articulations adjacentes. Ainsi, en présence d’arthrose des articulations de voisinage, la PTC est une bonne alternative.

En présence d’une arthrite inflammatoire comme la polyarthrite inflammatoire, la prothèse totale de cheville doit également être privilégiée. L’arthrodèse risque d’accélérer la dégradation des articulations de voisinage déjà souffrantes.

En présence d’une arthrose de cheville classique, il faut différencier l’arthrose primitive (sans causes retrouvée) qui est rarissime, et l’arthrose secondaire qui survient souvent à la suite d’un traumatisme (arthrose post-traumatique). Dans ces cas, la PTC peut être envisagée si la cheville est axée et stable.

On retrouve de multiples contre-indications à l’implantation d’une prothèse totale de cheville :

Un mauvais état cutané ou de multiples cicatrices

  • Des antécédents septiques ou de fractures ouvertes
  • Une maladie neurologique (Parkinson…)
  • Une déviation axiale importante ou des lésions osseuses sur le talus,
  • Le travail de force
  • Le patient : l’obésité, un tabagisme actif ou un diabète ne sont pas des contre-indications absolues mais il est préférable de s’orienter vers une arthrodèse.
  • Les patients jeunes : être jeune n’est pas une contre-indication absolue. Sur le plan mécanique, la prothèse sera sollicitée d’avantage et la durée de vie de la prothèse sera réduite. Actuellement, les données scientifiques sur la durée de survie des prothèses de cheville ne permettent pas de répondre de manière fiable à cette question. En revanche, la durée de vie des prothèses a considérablement augmenté avec l’avènement des prothèses de dernière génération et des guides de coupe sur mesure.

Quand les conditions le permettent, la prothèse totale de cheville garde une place de choix. L’inconvénient principal reste sa durée de vie (10 à 15 ans). En cas d’échec ou de fin de vie de l’implant, il faudra réaliser une arthrodèse de cheville avec ou sans greffes osseuses.

Le bilan avant prothèse totale de cheville

Avant la mise en place d’une prothèse totale de cheville, il est essentiel de réaliser un bilan complet, il repose sur l’examen clinique et sur des examens complémentaires.

L’examen clinique permet d’évaluer les amplitudes articulaires de la cheville est des autres articulations. Le chirurgien recherchera des contre-indications chirurgicales comme des déformations sévères ou des comorbidités.

Le bilan d’imagerie repose sur des examens complémentaires comprenant :

  • Radiographies standards : Elles sont réalisées en charge avec 3 incidences (face, profil et rotation interne). Une radiographie de face en charge permet également de mesurer l’axe de l’arrière pied (technique de Djian ou arrière pied cerclé de Méary).
  • Des radiographies dynamiques peuvent être utiles pour rechercher une laxité et évaluer l’état des ligaments.
  • Scanner osseux : Il est souvent réalisé car il permet d’apprécier d’éventuels déficits osseux et d’apprécier l’état des autres articulations périphériques.
  • Pangonogramme : C’est une radiographie en charge des membres inférieurs qui permet de mesurer les axes de la jambe.

D’autres examens comme l’IRM peuvent être réalisée si le chirurgien utilise une prothèse avec guide de coupe personnalisé. Après acquisition des formes osseuses du tibia et du talus, un guide de coupe est réalisée sur mesure en laboratoire. Celui-ci est stérilisé et utilisé par le chirurgien au bloc opératoire. Il permet des coupes précises en s’adaptant parfaitement à l’anatomie du patient. Ces guides de coupes sur mesure sont une véritable révolution dans la chirurgie prothétique de la cheville. Ils permettent au chirurgien d’être précis, ils améliorent la précision de pose de la prothèse : la durée de vie de la prothèse est augmentée.

La chirurgie et les suites opératoires

L’intérêt majeur de cette technique est de conserver la mobilité de la cheville. C’est une technique exigeante réservée à des patients répondant à des critères stricts afin d’avoir un résultat optimal.

L’hospitalisation :
L’intervention se déroule habituellement en hospitalisation de 3 à 7 jours.

L’anesthésie :
Vous devrez réaliser la consultation pré-anesthésique obligatoire avec l’anesthésiste. Au décours de cette consultation, l’anesthésiste vous expliquera les modes d’anesthésie possibles en fonction de vos pathologies associées et du geste opératoire prévu. Si besoin, il adaptera votre traitement avant et après l’intervention et pourra prescrire des anticoagulants, des antalgiques, des anti-inflammatoires ou autres.
Plusieurs types d’anesthésie sont possibles : vous pourrez bénéficier d’une anesthésie locale ou locorégionale signifiant que seule votre jambe sera désensibilisée : c’est la plus fréquente. L’anesthésie générale est également une solution si vous préférez dormir.

L’intervention :
Avant l’opération d’une prothèse totale de cheville : vous serez installé sur un brancard puis emmené en salle de pré-anesthésie. L’anesthésie locorégionale sera réalisée avant la rentrée en salle d’opération.
L’installation au bloc : vous serez installé en décubitus dorsal c’est-à-dire sur le dos Le garrot : Pendant toute la durée de l’intervention, un garrot est habituellement placé au niveau de la cuisse pour éviter les saignements.
L’incision : l’incision mesure 10 à 15 cm au niveau de la face antérieure de la cheville.

  • Le geste chirurgical : Les surfaces articulaires du tibia et du talus sont retirées à l’aide d’une instrumentation spécifique. Les guides de coupes sur mesure permettent d’améliorer la précision des découpes osseuses. La prothèse est implantée dans l’os. Le chirurgien place ensuite un drain puis ferme la peau.
  • Le temps opératoire : la durée du geste chirurgical est en général de 1 à 2 heures. L’intervention peut être plus longue en cas de gestes associés ou de difficultés opératoires.
  • En fin d’intervention : le chirurgien réalise un pansement et positionne votre pied dans une botte amovible.

Il est important de noter que le chirurgien peut faire face à une situation imprévue ou inhabituelle imposant des actes différents que ceux prévus initialement. Dans ce cas, le chirurgien vous expliquera les difficultés rencontrées et les gestes réalisés dès votre réveil ou retour en chambre.

Quelles sont les suites opératoires ?

L’APPUI ET LA MARCHE
Il n’y a pas d’immobilité après une opération de prothèse totale de cheville, l’appui est autorisé avec la botte dès le lendemain de l’intervention. La botte est à garder jour et nuit pendant 15 jours. L’appui est facilité par des cannes ou un déambulateur pendant 30 à 60 jours.

PANSEMENT ET SOINS A DOMICILE
Des soins de pansements sont nécessaires pendant 15 à 21 jours. Pensez à contacter une infirmière pour organiser la réfection du pansement dans les 2 jours qui suivent l’intervention.

L’OEDEME
L’œdème n’est pas une complication et c’est un phénomène fréquent après une telle opération. Pour limiter le gonflement et l’œdème du pied, il est recommandé de limiter ses déplacements les premiers jours, d’appliquer de la glace et de garder la jambe surélevée lorsque vous êtes au repos. Ne restez pas debout, immobile et sans marcher.

LES TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX
En fonction de vos antécédents, de vos comorbidités et de votre autonomie, l’anesthésiste prescrira un traitement anticoagulant par injection (voie sous-cutanée) ou par voie générale (per-os). Ce traitement permet de prévenir l’apparition d’une phlébite c’est-à-dire la formation d’un caillot dans les veines. Il est fortement conseillé de prendre les antalgiques prescrits de manière systématique pendant les 5 jours qui suivent la chirurgie.

LA KINESITHERAPIE
La kinésithérapie est indispensable, elle sera réalisé chez un kinésithérapeute ou en centre rééducatif.

LA CONDUITE ET ARRET DE TRAVAIL
La conduite automobile est interdite pendant 3 à 4 semaines (sauf si vous avez été opéré du pied gauche et que vous avec une voiture automatique). La durée moyenne d’arrêt de travail est de 45 à 90 jours en fonction de votre activité professionnelle.

LES ACTIVITES SPORTIVES
La pratique d’une activité sportive est possible après arthroplastie de cheville. Après le 2 ème mois post-opératoire, le vélo et la natation sont possibles. A terme, des activités sportives peu contraignantes sont autorisées comme la randonnée, le ski ou encore le golf. De toute évidence, les sports pivots-contacts sont proscrits (course à pied, foot…).

LE SUIVI POST-OPERATOIRE
Plusieurs rendez-vous post-opératoires sont nécessaires : 21 ème jour, 2 mois, 6 mois et 1 an après l’opération. Passé 1 an, un suivi annuel avec radiographie de contrôle est effectué.

Les complications spécifiques
En plus des complications chirurgicales classiques, les principales complications de la chirurgie d’une prothèse totale de cheville sont l’infection (3%) et le descellement (5%). On peut également citer les fractures de malléoles, les problèmes cutanés (nécrose) ou les douleurs résiduelles et la raideur. La majorité des complications peuvent être traitées sans nécessité de reprise chirurgicale. En revanche, dans d’autres cas plus rares, il est parfois nécessaire de retirer la prothèse et de réaliser une arthrodèse avec greffe osseuse.

EN CAS DE QUESTIONS
Lors de l’opération, la secrétaire vous remettra une feuille de consignes avec le numéro de téléphone portable du Dr Lopez. Pour toute question complémentaire ou en cas de problème vous pouvez le contacter ou appeler son secrétariat.

En conclusion
La pose d’une prothèse totale de cheville obéit à des critères stricts de sélection des patients. Il s’agit d’une opération qui nécessite plusieurs mois de rééducation, il faudra compter 6 mois avant d’obtenir un résultat satisfaisant et 1 an pour un résultat définitif. En l’absence de complication, elle apporte une amélioration fonctionnelle significative tant sur le plan de la douleur que de la marche. La marche sans cannes et sans douleurs est généralement possible. En fonction de votre état physique, des activités sportives douces peuvent être reprises après plusieurs mois et en accord avec votre chirurgien.
Actuellement et avec les nouvelles prothèses et techniques de pose, la durée de vie d’une prothèse de cheville est de l’ordre de 80-90% à 10 ans. En cas de problème précoce ou en fin de vie d’une vie d’une PTC, il sera réaliser une reprise chirurgicale pour changer la prothèse ou pour réaliser un blocage définitif de la cheville (arthrodèse). Chez les jeunes patients actifs, nous n’avons pas assez de recul pour établir des statistiques fiables de durée de vie. En revanche, la prothèse totale de cheville semble une piste intéressante pour gagner quelques années en attendant la réalisation d’une arthrodèse.

Focus sur la chirurgie de l'arthrose sous-talienne près du 06

La chirurgie de l’arthrose sous-talienne est à considérer quand vous ressentez douleurs et gonflements malgré la mise en place du traitement médical.

Les signes de l'arthrose sous-talienne sont une douleur de l’arrière pied (notamment lors de la marche sur des terrains accidentés) et une raideur. La douleur est souvent ressentie sur le côté externe de la cheville, juste en avant de la malléole externe. L'arthrose sous-talienne survient le plus souvent à la suite de fractures du calcanéum, de fractures du talus ou de maladies inflammatoires chroniques telle que la polyarthrite rhumatoïde.

Pourquoi ça arrive ?

L’articulation sous-talienne permet l’adaptation du pied sur des terrains instables. Elle assure ce rôle grâce à 2 autres articulations : l'articulation calcanéo-cuboidienne et l'articulation talo-naviculaire (couple de torsion). Les traumatismes sont la cause la plus fréquente d'arthrose sous-talienne. Citons par exemple les fractures du calcanéum ou les fractures du talus, anciennes ou récentes. Les maladies inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde peuvent également détruire l’articulation sous-talienne (arthrite).

Concernant l’articulation talo-naviculaire, les traumatismes et les séquelles de fractures sont les causes les plus fréquentes de ce type d'atteinte. Les fractures du talus ou du naviculaire peuvent provoquer une arthrose talo-naviculaire. On retrouve également les maladies inflammatoires telle que la polyarthrite rhumatoïde ou certaines déformations du pied comme le pied plat. Il existe des causes plus rares : infections, ostéochondrites, nécroses et synostoses. On peut également citer le pied plat évolué qui est fréquemment associé à une arthrose talo-naviculaire.

Quand aucune cause n’est retrouvée, on parle d’arthrose primitive.

Les symptômes

Le principal symptôme est la douleur « mécanique », c’est à dire qu’elle apparait lors d’activités telles que la marche ou le sport. Elles sont plus importantes lors d’activités sur un terrain irrégulier. On peut également retrouver des gonflements de la cheville ou une raideur (diminution de mobilité).

Comment ça évolue ?

Il n'est pas possible de guérir d'une arthrose, elle évolue lentement vers l’aggravation. Les douleurs et les gonflements augmentent, le retentissement fonctionnel progresse. A un stade évolué, on peut voir apparaitre une boiterie qui nécessite de s’aider d’une canne pour marcher.

Comment soigner l’arthrose sous-talienne ?

Le traitement est toujours médical en première intention : infiltration, médicaments pour la douleur, modification du chaussage et de l'activité, semelles ou kinésithérapie. En cas d'échec, l'arthrodèse (fusion chirurgicale) de l'articulation sous-talienne reste le traitement chirurgical de référence.

L’opération de l’arthrose sous-talienne ou talo-naviculaire

La chirurgie de l’arthrose talo-naviculaire doit être prise en charge par un chirurgien spécialiste du pied. Elle permet un blocage définitif de l’articulation et supprime les douleurs.

L’arthrose sous-talienne est fréquente alors que l'atteinte de l'articulation talo-naviculaire est rare. Cette articulation permet l’adaptation du pied sur des terrains instables. Elle assure ce rôle grâce à 2 autres articulations : l'articulation calcanéo- cuboïdienne et l'articulation sous-talienne (couple de torsion).

L’hospitalisation :

L’intervention se déroule habituellement en hospitalisation de 2 à 3 jours.

L’anesthésie :

Vous devrez réaliser la consultation pré-anesthésique obligatoire avec l’anesthésiste. Au décours de cette consultation, l’anesthésiste vous expliquera les modes d’anesthésie possibles en fonction de vos pathologies associées et du geste opératoire prévu. Si besoin, il adaptera votre traitement avant et après l’intervention et pourra prescrire des anticoagulants, des antalgiques, des anti-inflammatoires ou autres.
Plusieurs types d’anesthésie sont possibles : vous pourrez bénéficier d’une anesthésie locale ou locorégionale signifiant que seule votre jambe sera désensibilisée : c’est la plus fréquente. L’anesthésie générale est également une solution si vous préférez dormir.

L’intervention :

L’anesthésie locorégionale sera réalisée avant la rentrée en salle d’opération.

  • L’installation au bloc : vous serez installé en décubitus latéral c’est-à-dire sur le côté ou de 3/4
  • Le garrot : Pendant toute la durée de l’intervention, un garrot est habituellement placé au niveau de la cuisse pour éviter les saignements.
  • L’incision : l’incision mesure 5 cm au niveau de la face latérale de la cheville ou quelques millimètres sous arthroscopie
  • Le geste chirurgical : Les surfaces articulaires du talus et du calcanéum ou du naviculaire sont retirées à l’aide d’une instrumentation spécifique. Ensuite, l’articulation est fixée par du matériel.
  • Le temps opératoire : la durée du geste chirurgical est en général de 1 heure. L’intervention peut être plus longue en cas de gestes associés ou de difficultés opératoires.
  • En fin d’intervention : le chirurgien réalise un pansement et positionne votre pied dans une botte amovible.

Il est important de noter que le chirurgien peut faire face à une situation imprévue ou inhabituelle imposant des actes différents que ceux prévus initialement. Dans ce cas, le chirurgien vous expliquera les difficultés rencontrées et les gestes réalisés dès votre réveil ou retour en chambre.

Quelles sont les suites opératoires ?

L’APPUI ET LA MARCHE
L’appui est interdit pour une durée de 45 jours et la cheville est placée dans une botte dès la fin de l’intervention. La botte est à garder jour et nuit. L’appui est facilité par des cannes, un déambulateur ou un fauteuil roulant.

PANSEMENT ET SOINS A DOMICILE
Des soins de pansements sont nécessaires pendant 15 à 21 jours. Pensez à contacter une infirmière pour organiser la réfection du pansement dans les 2 jours qui suivent l’intervention.

L’OEDEME
L’œdème n’est pas une complication et c’est un phénomène fréquent après une telle opération. Pour limiter le gonflement et l’œdème du pied, il est recommandé de limiter ses déplacements les premiers jours, d’appliquer de la glace et de garder la jambe surélevée lorsque vous êtes au repos. Ne restez pas debout, immobile et sans marcher.

LES TRAITEMENTS MEDICAMENTEUX
En fonction de vos antécédents, de vos comorbidités et de votre autonomie, l’anesthésiste prescrira un traitement anticoagulant par injection (voie sous-cutanée) ou par voie générale (per-os). Ce traitement permet de prévenir l’apparition d’une phlébite c’est-à-dire la formation d’un caillot dans les veines.
Il est fortement conseillé de prendre les antalgiques prescrits de manière systématique pendant les 5 jours qui suivent la chirurgie.

LA KINESITHERAPIE
La kinésithérapie est indispensable, elle sera réalisé chez un kinésithérapeute ou en centre rééducatif après la première consultation post-opératoire.

LA CONDUITE ET ARRET DE TRAVAIL
La conduite automobile est interdite pendant 8 semaines (sauf si vous avez été opéré du pied gauche et que vous avec une voiture automatique). La durée moyenne d’arrêt de travail est de 4 à 6 mois en fonction de votre activité professionnelle.

LES ACTIVITES SPORTIVES
La pratique d’une activité sportive est possible après une arthrodèse sous-talienne. Après le 2 ème mois post-opératoire, le vélo et la natation sont possibles. A terme, des activités sportives peu contraignantes sont autorisées comme la randonnée, le ski ou encore le golf. De toute évidence, les sports pivots-contacts sont proscrits (course à pied, foot…).

LE SUIVI POST-OPERATOIRE
Plusieurs rendez-vous post-opératoires sont nécessaires pendant la 1 ère année.

Les complications spécifiques
En plus des complications chirurgicales classiques, les principales complications de la chirurgie d’une arthrodèse sont l’infection et la non consolidation (pseudarthrodèse). La majorité des complications peuvent être traitées sans nécessité de reprise chirurgicale. En revanche, dans d’autres cas plus rares, il est parfois nécessaire de réopérer notamment en l’absence de consolidation osseuse.

En conclusion
L’arthrodèse sous-talienne nécessite plusieurs mois de rééducation, il faudra compter 4 à 6 mois avant d’obtenir un résultat satisfaisant et 1 an pour un résultat définitif. En l’absence de complication, elle apporte une amélioration fonctionnelle significative tant sur le plan de la douleur que de la marche. La marche sans cannes et sans douleurs est généralement possible. En fonction de votre état physique, des activités sportives douces peuvent être reprises après plusieurs mois et en accord avec votre chirurgien.

Les complications de l’opération chirurgicale de l’arthrose

La liste des complications suivantes n’est pas exhaustive mais les complications les plus fréquentes d’une opération chirurgicale de l’arthrose de la cheville sont mentionnées.

Toute chirurgie expose à des complications à la fois communes et spécifiques au type d’intervention réalisée. Ce risque est variable d’un individu à l’autre en fonction de son âge, des comorbidités (HTA, diabète, mauvais état cutané…) ainsi qu’en fonction de son mode de vie (tabac, alcool, pratique d’une activité sportive).

Certaines complications peuvent être prévenues par des mesures simples telles que :

  • le respect des consignes postopératoires
  • l’arrêt du tabac

Complications Communes

  • l’hématome est une complication peu fréquente, favorisé par certains traitements médicamenteux (anticoagulants). Certains médicaments à risque peuvent être arrêtés et relayés par l’anesthésiste. L’hématome nécessite rarement une reprise chirurgicale, il se résorbe le plus souvent avec de la glace et du repos.
  • les problèmes de cicatrisation sont fréquents. Leur survenue est majorée par la tabac et le mauvais état cutané.
  • l’œdème n’est pas une complication mais une réaction de l’organisme à l’agression que représente la chirurgie. Afin de diminuer son importance, il est utile d’effectuer son auto-rééducation en bougeant les orteils, de limiter les déplacements pendant 15 jours et de surélever le pied le plus possible lorsque vous êtes allongé.
  • la thrombophlébite est la formation d’un caillot dans une veine, le plus souvent au niveau de la jambe ou du pied. Sa prévention passe par l’administration d’un traitement anticoagulant pendant 10 jours.
  • l’algodystrophie ou « syndrome régional complexe douloureux » est une réaction exagérée de l’organisme à l’agression que représente la chirurgie. Les symptômes sont : rougeur, raideur, oedème et douleur. L’évolution se fait toujours vers la guérison sans séquelles mais l’évolution est longue (jusqu’à 18 mois). Certaines mesures simples minimisent ce risque :
    - ne pas laisser la douleur s’installer, prendre de manière systématique les antalgiques prescrits par votre chirurgien pendant les 48h postopératoires
    - prendre le traitement préopératoire (vitamine C)
    - en cas d’antécédent d’algosytrophie, un médicament vous sera prescrit avant l’intervention (lyrica)

L’infection peut survenir malgré les précautions (douche préopératoire, préparation aseptique chirurgicale). Elle doit être évoquée en cas de fièvre, de désunion de cicatrice, d’écoulement purulent ou de rougeur importante. Elle nécessite un avis chirurgical.

Complications spécifiques

  • la pseudarthrodèse est la complication la plus fréquente des arthrodèses et des ostéotomies. C’est une absence de fusion osseuse au 6ème mois postopératoire. Cette complication survient dans 10% des cas. Elle nécessite une reprise chirurgicale dans certains cas.
  • la nécrose osseuse est la mort de l’os par atteinte de sa vascularisation.
  • la raideur : Il peut se produire la survenue d’ossifications autour de la prothèse parfois source d’enraidissement secondaire.
  • le descellement : c’est la prothèse qui n’est pas bien fixé sur l’os. Il faut réaliser une nouvelle intervention.
  • le déplacement secondaire ou le démontage de matériel est le déplacement du montage ou du matériel pendant la période de consolidation osseuse. La décharge avec la botte et le respect des consignes diminuent ce risque. Il survient le plus souvent à la suite d’un traumatisme ou d’une réception brutale sur le pied opéré.
  • l’arthrose est l’usure du cartilage. En cas d’arthrodèse, le blocage d’une articulation surcharge les articulations de voisinage qui peuvent se dégrader.

FAQ

Qu’est-ce que l’arthrose de la cheville ou du pied ?

L’arthrose c’est l’usure du cartilage d’une articulation. Elle est souvent appelée ostéoarthrite. Au niveau d’une articulation, les os glissent entre eux grâce à un revêtement que l’on appelle "cartilage" : il est blanc et lisse comme un œuf dur. Lorsque le cartilage se dégrade, on parle d’arthrose.

Quel spécialiste pour soigner l’arthrose de la cheville ?

Le chirurgien orthopédiste spécialisé dans l’arthrose de la cheville est le plus à même pour prendre en charge ce traitement. N’oubliez pas de consulter votre médecin traitant pour toute première consultation pour qu’il puisse vous orienter vers le meilleur praticien.

Comment soigner l’arthrose sans opérer?

Il n’est pas possible de guérir de l’arthrose mais on peut soulager la douleur. Concernant l’arthrose de la cheville et du pied, le traitement est toujours médical en première intention. Avant d’envisager une opération de l’arthrose du pied, on débute par un traitement non opératoire. L’objectif est de diminuer les douleurs, mais cela n’empêche pas l’arthrose d’évoluer.

Quand opérer une arthrose de la cheville ou du pied?

Lorsque le traitement médical n’est plus efficace et que la gêne fonctionnelle est importante, on peut proposer la chirurgie de l’arthrose de la cheville ou d’autres articulations. Le principe chirurgical dépend du niveau de demande fonctionnelle (niveau d’activité), de l’âge du patient ainsi que de l’articulation touchée et de son degré d’atteinte. L’objectif du traitement chirurgical est de faire disparaitre les douleurs, d’avoir un pied ou une cheville chaussable et axé compatible avec vos désirs fonctionnels.

Comment opérer l’arthrose du pied et de la cheville ?

Le geste chirurgical varie également avec l’articulation atteinte et le stade de l’arthrose. On peut décrire généralement différents type de traitement chirurgical dans l’arthrose : l’arthroscopie de débridement, l’arthrodèse consiste à supprimer l’articulation, la prothèse articulaire (prothèse totale de cheville ou PTC) ou arthroplastie concerne seulement la cheville et les ostéotomies consistent à réaliser des fractures osseuses afin de modifier les axes.

Combien de temps dure l’opération de l’arthrose de la cheville et du pied ?

La durée du geste chirurgical dépend de l’opération pratiquée, il dure en général de 30 minutes à 3 heures.

Quelle est l’anesthésie lors de l’opération d’une arthrose ?

Plusieurs types d’anesthésie sont possibles : vous pourrez bénéficier d’une anesthésie locale ou locorégionale signifiant que seule votre jambe sera désensibilisée : c’est la plus fréquente. L’anesthésie générale est également une solution si vous préférez dormir.

Quelle douleur ressent-on lors de l’opération de l’arthrose des chevilles et pieds ?

La douleur varie également avec le geste opératoire réalisé. La prise en charge de la douleur est assurée par une prescription de médicaments adaptée, du repos, la sur-élévation de la jambe et l’application régulière de glace. Dans les chirurgies très douloureuse, un cathéter peut être mis en place pour quelques jours afin d’obtenir une analgésie complète.

Quelle est la période d’immobilité après une opération pour arthrose du pied ou de la cheville?

Aucune immobilité n’est nécessaire en cas de simple débridement. Dans le cas d’une prothèse de
cheville, l’appui est autorisé immédiatement avec une botte. Dans les arthrodèses, l’appui est
interdit pendant 45 jours avec port d’une botte.

Ai-je le droit de conduire après une chirurgie?

La conduite peut être reprise entre 15 jours et 2 mois en fonction de la chirurgie.

Peut-on opérer les 2 pieds en même temps ?

Non il n’est pas possible d’opérer les 2 pieds en même temps.

Quel est le prix d’une opération dans l’arthrose du pied ou de la cheville?

L’opération de l’arthrose du pied et ses prix varient avec la nature du geste à réaliser. La sécurité
sociale prend en charge les frais de l’opération. Le remboursement des compléments d’honoraires
dépend de votre contrat mutuelle. Le restant à charge après remboursement par votre mutuelle
peut atteindre 2000€.

Comment marcher avec une arthrodèse de la cheville ?

ENTRE LE 45ème et 90ème JOUR Vous pouvez débuter l'appui et la marche sous couvert de la botte de marche. Conserver vos béquilles pour éviter tout déséquilibre. La cheville sera plus sensible et peut gonfler. La cicatrice doit être massée à l'aide d'une crème hydratante ou à l'acide hyaluronique.

Quand marcher après une arthrodèse du pied ?

L'hospitalisation peut être ambulatoire (sur la journée) ou de quelques jours suivant la situation. La marche est protégée par la chaussure pendant 30 à 45 jours. La rééducation dépendra de votre récupération. L'arrêt de travail est adapté à la chirurgie et à votre activité professionnelle entre 3 et 10 semaines.

C'est quoi une arthrodèse de la cheville ?

L'arthrodèse de la cheville consiste donc à bloquer définitivement l'articulation entre le tibia et l'os astragale (ou talus). L'orthopédiste va en quelque sorte réunir les deux surfaces articulaires, pour qu'il n'y ait plus aucune mobilité de cette articulation.

C'est quoi une arthrodèse du pied ?

L'arthrodèse consiste donc à venir raboter les zones usées du cartilage, sources de douleurs pour le patient. Une fois les extrémités osseuses du pied correctement préparées, le chirurgien vient les fixer entre elles à l'aide de plusieurs vis afin de bloquer complètement l'articulation.