Comment le progrès technique crée des emplois ?

Progr�s technique et emploi


Nous allons explorer dans ce chapitre la fameuse question du progr�s technique et de l'emploi. Plus g�n�ralement nous entendons souvent dans les media et dans la bouche des hommes politiques cette fameuse antienne contre la hausse de la productivit� porteuse de ch�mage, c'est dans cette logique aussi que l'on parle de partager le travail. Nous allons examiner dans ce  qui suit ce qu'il faut en penser en tant qu'�conomistes.

I. Le progr�s technique est-il facteur de ch�mage ?

A. Effets quantitatifs du progr�s technique sur l'emploi

1. D�finir le progr�s technique

Le progr�s technique peut se d�finir comme l'ensemble des innovations qui bouleversent les processus productifs.

Il passe par deux formes d'innovations :

   

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les innovations de produits sous forme d'apparition sur le march� de nouveaux biens et services qui vont se substituer plus ou moins partiellement � d'autres produits. Ce sont par exemple les jeux �lectroniques qui prennent de plus en plus la place des jeux traditionnels dans le coeur des enfants, les automobiles qui ont progressivement fait dispara�tre les m�tiers de charron, de mar�chal ferrant, ou encore le nucl�aire qui a pouss� les mines de charbon � la fermeture.

   

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les innovations de proc�d�s comme les transformations de l'organisation du travail, les nouveaux biens d'équipement industriels, la robotisation, la mécanisation, l'objet de ce type d'innovations est la hausse de la productivit�.

2. Les effets directs du progr�s technique sur l'emploi

La peur de la faillite et du ch�mage face � la pression des entreprises ayant adopt� les innovations g�n�re des craintes irrationnelles et des conflits sociaux. Ce fut le cas par le pass� avec le mouvement Luddiste en Angleterre, mais aussi avec les Canuts lyonnais et les "saboteurs" en France, dont le nom vient de la pratique consistant � bloquer les rouages des machines par des sabots. Les mouvements actuels de contestation des nouvelles technologies sont d'ailleurs baptis�s de l'appellation de N�o-Luddisme.

Le reproche fait aux progr�s techniques vient de la hausse de la productivit� qu'il implique. En effet augmenter la productivit� c'est produire davantage avec moins de facteurs de production, et ce facteur de production que l'on va r�duire est souvent le travail puisque le progr�s technique conduit le plus souvent � substituer du capital au travail donc � un ch�mage technologique.

Mais si les innovations de proc�d� ont pour but explicite la hausse de la productivit�, ils vont aussi transformer le monde du travail en transformant les pratiques professionnelles, les m�tiers, en cr�ant de nouvelles sp�cialit�s. On peut rapprocher � cet �gard les innovations de produits cr�ant aussi des emplois avec la diffusion de biens et de services nouveaux.

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Des r�sistances au processus de destruction-cr�atrice

On consid�rera donc que le progr�s technique permettra l'�mergence de nouveaux besoins et de nouvelles consommations. Schumpeter montre en effet que l'absence d'innovations est � l'origine d'une phase descendante du cycle Kondratieff avec son cercle vicieux de baisse de la demande, de faillite et donc de disparition d'emplois, alors qu'au contraire les innovations g�n�rent un processus de croissance.

Ce qui compte est de confronter l'augmentation de la production et celle de la productivit� pour examiner � court terme les effets du progr�s technique sur l'emploi.
On peut effectivement v�rifier une corr�lation entre le taux de croissance de la productivit� par t�te, la croissance �conomique et la croissance de l'emploi, celle-ci ne plaide pas en faveur d'un effet positif de la productivit� sur l'emploi :

Taux de croissance annuel moyen en % du PIB

... PIB..

Etats-Unis

Japon

Allemagne

France

1970 � 1980

2,8

4,4

.2,7.

.3,3.

1980 � 1990

2,7

4,0

1,3

2,6

1992 � 2001

1,9

1,0

1,5

1,9

2002 � 2004

3,8

2,5

1,1

3,8

  Taux de croissance annuel moyen en % de l'emploi

Emploi total

Etats-Unis

Japon

Allemagne

France

1970 � 1980

2,4

0,8

0,4

0,5

1982 � 1991

1,5

1,3

0,4

0,8

1992 � 2001

1,3

0,3

0,4

0,9

2002 � 2004

0,8

- 0,5

- 0,2

2,2

  Taux de croissance annuel moyen en %  de la productivit� par t�te

Productivit� / T�te dans le secteur priv�

......Etats-Unis ..

Japon

Allemagne

France

1970 � 1980

0,4

3,6

2,5

2,8

1980 � 1990

1,0

2,8

0,8

2,3

1992 � 2001

1,9

1,1

1,4

1,4

2002 � 2004

2,7

2,5

2,3

1,0

Source : perspectives �conomiques n� 75, juin 2004, OCDE

Mettez en �vidence la relation entre les trois tableaux et donc les implications de la productivit� sur l'emploi.

À quelle th�orie cela correspond ?

Quel pays conna�t la tertiarisation de l'emploi la plus avanc�e, en cons�quence peut-on v�rifier la th�se de Fourasti� sur les faibles progr�s de la productivit� dans les services ?

3. Les effets indirects du progr�s technique sur l'emploi

Pourtant si la hausse de la productivit� correspond bien � la capacit� de produire plus sans augmenter les facteurs de production, dont le travail (ou de produire autant avec moins de salari�s), les effets indirects de la hausse de la productivit� ne portent pas atteinte � l'emploi.

En effet la hausse de la productivit� est � la source de l'enrichissement de la soci�t�.

Ainsi elle profitera :

   

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aux apporteurs de capitaux dont les profits vont augmenter, ce qui les incitera � investir plus donc � favoriser la production et l'emploi ;

   

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aux salari�s sous forme d'augmentation de salaires permettant d'augmenter leur pouvoir d'achat sur le march� donc leur consommation, � moins que la hausse de la productivit� se traduise par le choix ou l'imposition autoritaire de la baisse du temps de travail ;

   

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aux consommateurs fran�ais sous forme de baisse des prix impos�s par le processus de concurrence, ce qui l� aussi augmente le pouvoir d'achat et permet de satisfaire sur le march� de nouveaux besoins g�n�rateurs d'emplois ;

   

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aux consommateurs �trangers au travers d'exportations fran�aises facilit�es par une plus grande comp�titivit�, ce qui incite � produire encore plus ;

  

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enfin n'oublions pas l'Etat qui profitera aussi de l'augmentation des profits (IS), des revenus (IRPP) et de la consommation (TVA) pour augmenter les revenus disponibles et les d�penses publiques.

Donc la hausse de la productivit� fait que la croissance de l'emploi demeure inf�rieure � celle du PIB.

Mais c'est bien la hausse de la productivit� qui permet de multiples fa�ons d'augmenter le PIB donc de favoriser la croissance de l'emploi.

Comparons deux situations du point de vue de l'emploi et de la productivit� :

Attaquie

France

20 vaches

20 vaches

20 salari�s

1 salari�

1 salari� par vache

1 salari� pour 20 vaches (donc productivit� 20 X)

Salaire : 40 � par jour  (on suppose que la masse salariale est l�essentiel du co�t de production)

Vache :  10 litres de lait par jour

Co�t de production du litre : 40/10 = 4 �

Co�t de production du litre :  40/(20 X 10) = 0,2

Si le niveau de productivit� est 20 fois moindre pour toutes les productions alors le pouvoir d�achat est aussi 20 fois plus faible (le co�t de production du lait est 20 fois plus fort en Attaquie donc on supposera que les prix seront 20 fois plus �lev�s).

B. Effets qualitatifs du progr�s technique sur l'emploi

1. Les mutations sectorielles, la th�se du d�versement          

Jean Fourasti� a mis en �vidence les mutations sectorielles de l'emploi qui ont touch� tous les pays d�velopp�s depuis le XIXi�me si�cle. Les progr�s techniques r�alis�s avec la R�volution agricole puis la R�volution industrielle sont les d�clencheurs de ces mutations sectorielles, lesquelles � co�t d'augmentation de la productivit� permettent d'abord la baisse des co�ts de production agricole.

Des co�ts plus faibles se r�percutent sur les prix, et c'est � partir de l� que le d�veloppement est possible puisque b�n�ficiant d'un pouvoir d'achat plus important les populations vont pouvoir se hisser au-del� de la satisfaction de leurs besoins primaires et diriger une partie de leurs d�penses vers les biens manufactur�s. Le d�veloppement de l'industrie supplante alors l'agriculture et permet d'embaucher de nombreux paysans. L'OST permet justement de recruter des ouvriers peu qualifi�s et d'augmenter fortement la productivit�. Ceci permettra donc la baisse des co�ts industriels et donc des prix alimentant une consommation de masse, puis une baisse de l'emploi industriel s'orientant vers le secteur des services.

La th�se du d�versement de Sauvy se superpose � la vision de Fourasti�

Cette mobilit� sectorielle des salari�s tout au long d'une �volution s�culaire est appel�e d�versement de l'emploi par Alfred Sauvy. Il constate que la hausse de la productivit� dans un secteur implique une baisse de ses prix relatifs permettant une hausse de la demande vers ce secteur, on parle d'un effet prix. Ce qui permet de maintenir l'emploi dans ce secteur dans la mesure o� la hausse de la production reste sup�rieure � celle de la hausse de la productivit�. Puis la demande est satur�e, et c'est l'effet revenu qui s'exprime selon la loi d'Ernst Engel, l'enrichissement implique des d�penses s'orientant davantage vers le secteur tertiaire et conduit l'emploi � se d�plac� vers ce secteur.

On peut synth�tiser le d�versement par un tableau relatif � la situation actuelle par rapport � la situation ant�rieure :

  Productivit� (P/N) Prix relatifs Demande (selon l'effet revenu) influe sur P Emploi (N = P/(P/N)
Secteur primaire Hausse Baisse Forte baisse Forte baisse
Secteur secondaire Tr�s forte hausse Forte baisse Baisse Forte baisse
Secteur tertiaire Stable (selon Fourasti�) Stable Hausse Hausse

Mais le d�versement n'est pas imm�diat car, contrairement au mod�le de concurrence pure et parfaite, les capitaux et le travail ne sont pas parfaitement mobiles d'un secteur � un autre. Le ch�mage technologique ne peut se r�sorber que par des formations pas forc�ment ais�es � mettre en place, d'autant que la trappe � la pauvret� cr��e par le syst�me social fran�ais n'incite pas � des efforts de requalification.

2. Les mutations de qualification, la th�se de la compensation

Les mutations sectorielles sont bien � l'origine de destructions d�emplois dans les activit�s traditionnelles, mais le progr�s technique compense cette destruction par la cr�ation d'emplois dans les activit�s nouvelles. Le progr�s technique change donc la nature des emplois.

On peut ainsi constater que le mouvement des soci�t�s d�velopp�es vers le secteur tertiaire co�ncide avec une hausse des qualifications. Il se traduit par un d�veloppement important de la PCS cadre (+ un million entre 1982 et 1995), des professions interm�diaires (+ 600 000 dans la m�me p�riode) et une chute de la PCS des ouvriers ( - un million sur la m�me p�riode). Alors que les PCS �voluent vers le haut, la main d'oeuvre se qualifie au travers de formations dipl�mantes, le CAP devient pratiquement obligatoire pour les ouvriers alors que l'acc�s � des formations post bac + 2 s'impose pour les cadres.

Pour autant la persistance d'une taylorisation du travail mutant vers les services laisse des opportunités d'emploi pour ceux qui ne possèdent que de faibles qualifications. Des métiers telles que caissi�r(e)s, �quipier en restauration rapide, personnel d'entretien ou de s�curit� se d�veloppent � partir de personnels faiblement qualifi�s. N�anmoins m�me si le secteur des services permet partiellement d'�ponger des sureffectifs peu qualifi�s, la qualification devient un imp�ratif quand le co�t �lev� du facteur travail, particuli�rement en France, exclut de l'emploi ceux dont la productivit� est la plus faible.

II. Le travail, une marchandise comme une autre ?

A. Le march� th�orique du travail

Du ch�mage volontaire, Simonnot

1. L'offre de travail

L'influence du salaire sur l'offre de travail

Le salari� offre son travail contre un salaire, son offre d�pendra du co�t d'opportunit� de son temps libre, c'est-�-dire qu'il va arbitrer entre le temps qu'il consacrera au travail ou au loisir en fonction du salaire qu'on lui propose. Dans ce cas plus le salaire augmente plus le co�t d'opportunit� du temps libre augmente (effet de substitution du travail au loisir), donc l'offre de travail du salari� est une fonction croissante du salaire.
Mais pour raisonner plus finement on consid�rera aussi que l'augmentation des salaires poss�de un effet-revenu qui peut expliquer que le salari� peut gagner autant en travaillant moins. On dira tout de m�me que cet effet est n�gligeable, quoique sur le plus long terme la baisse de la dur�e du travail peut s'expliquer par la hausse du niveau de vie.

2. La demande de travail

De quoi d�pend la demande de travail ?

L'employeur demande de la main d'oeuvre, il loue la force de travail de salari�s en arbitrant entre l'embauche d'une personne suppl�mentaire ou l'investissement dans une machine suppl�mentaire. Il embauchera aussi en tenant compte de la production qu'il aura � r�aliser en fonction de la demande anticip�e et en comparant la productivit� marginale du travail et le salaire. Ainsi la demande de travail sera une fonction d�croissante des salaires.

3. L'�quilibre sur le march� du travail

Le travail est-il une marchandise ?

Dans l'approche N�o-Classique le travail est bien une marchandise comme les biens ou services et les capitaux, puisqu'il fait l'objet d'un march� o� offre et demande s'ajustent en fonction d'un prix qui est le salaire. Ainsi le plein-emploi s'�tablit automatiquement au salaire d'�quilibre puisqu'il permet d'�galiser l'offre et la demande de travail. Ceci suppose bien �videmment une flexibilit� parfaite des salaires � la hausse comme � la baisse, mais est-ce vraiment v�rifi� en r�alit� ?

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Internet, une révolution pour le marché du travail

B. En r�alit� un march� particulier

1. Le salaire n'est pas la seule variable d'ajustement

Comme le montre Ludwig Von Mises dans L'Action humaine :

 " Ce qui donne un caract�re particulier au march� du travail, c'est que le travailleur n'est pas simplement le fournisseur du facteur de production travail, mais aussi un �tre humain qu'il est impossible de dissocier de sa prestation (...)

Pour le travailleur, ce sont des questions importantes que le genre de travail qu'il fait, parmi tous ceux dont il est capable, l'endroit o� il l'accomplit et dans quelles conditions ou circonstances particuli�res.

 Pour l'examen �conomique des probl�mes impliqu�s, il n'y a rien de particuli�rement remarquable dans le fait que le travailleur consid�re sa peine et son d�rangement non seulement sous l'angle de la d�sutilit� du travail et de sa r�mun�ration imm�diate, mais aussi en tenant compte des conditions sp�ciales et circonstances de sa prestation dans la mesure o� elles affectent son plaisir de vivre. Le fait qu'un travailleur pr�f�re laisser passer la chance d'augmenter ses gains mon�taires en d�m�nageant vers un endroit qu'il consid�re comme moins agr�able, plut�t que de quitter l'endroit o� il est n�, ou son pays, n'est pas plus remarquable que le fait qu'une personne riche et distingu�e, sans profession, pr�f�re vivre dans la capitale o� tout est cher, plut�t que dans une petite ville o� la vie est bon march�. Le travailleur et le consommateur sont une seule et m�me personne ; c'est seulement le raisonnement �conomique qui int�gre les fonctions sociales et fend cette unit� en deux sch�mas. Les hommes ne peuvent isoler les d�cisions concernant l'utilisation de leur capacit� de travail, de celles concernant la jouissance de leurs gains.

La filiation, le langage, l'�ducation, la religion, la mentalit�, les liens familiaux et l'environnement social attachent le travailleur de telle sorte qu'il ne choisit pas l'endroit et le genre de son travail sous l'angle unique des taux de salaire."

Les derniers �l�ments que cite Mises renvoient au statut salarial. Michael Walzer a �tudi� la notion de travail p�nible et a mis en �vidence que certaines t�ches consid�r�es comme ingrates ne sont pas d�sir�es et exerc�es par des personnes discrimin�es. Le m�tier d'OS dans la division du travail est consid�r� comme p�nible et le statut social d'ouvrier non qualifi� est peu enviable, il a fallu donc le compenser par des salaires tr�s raisonnables. Pourtant aujourd'hui l'une des limites du Fordisme c'est que beaucoup pr�f�rent ne pas travailler plut�t que d'exercer de tels m�tiers. A c�t� de cela il existe des t�ches plus prestigieuses comme par exemple l'enseignement, pourtant un plombier gagne certainement plus qu'un enseignant de lyc�e, m�me en ZEP. Mais il existe aussi des t�ches o� le salari� se sent valoris� par l'int�r�t que repr�sente pour lui son travail, il faut renvoyer l� aux motivations sup�rieure de Maslow, que ce soit le besoin d'appartenance (fier de travailler chez Microsoft), le besoin de reconnaissance (l'infirmi�re qui est aim�e de ses patients), le besoin de r�alisation (trouver le but de sa vie en s'engageant chez MSF).

2. Le salaire, d�terminant de la consommation

C'est bien en concevant le salari� en tant que consommateur et en refusant d'accepter la loi des d�bouch�s de Say, que Keynes, � la suite de Marx, consid�re que des salaires trop faibles sur le march� du travail engendrent une crise de surproduction.

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Keynes s'int�resse l� aux cons�quences de la crise de 1929.

Il croit en observer de trois types :

           

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une perte de confiance qui conduit les entrepreneurs � anticiper une baisse de la demande effective et les pousse donc � ne pas investir ;

          

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un effet de tr�sorerie du aux pertes des entreprises touch�es par le krach boursier et qui pousse certaines � l'insolvabilit� et � la faillite ;

           

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un effet de richesse du aux pertes de l'ensemble des agents �conomiques dont la demande va baisser.

Ainsi dans ce cas les entreprises n'attendent pas la r�alisation d'une surproduction, il suffit qu'elles l'anticipent pour qu'elles cessent d'investir et limitent leur production tout en cherchant � vendre le plus rapidement et � prix sacrifi� ce qu'elles pensent ne plus pouvoir vendre demain (� cause d'un pouvoir d'achat en baisse). Cette offre pr�cipit�e d�clenche la baisse des prix, face � une demande qui ne suit pas et qui suivra encore moins dans la mesure o� les entreprises n'investissent plus et limitent leur masse salariale. On parle alors d'une spirale d�flationniste accompagn�e d'un ch�mage de masse. Mais il s'agit aussi d'une prophétie autoréalisatrice : croire en la suproduction génère la fameuse spirale déflationniste.

Pour Keynes la baisse des salaires ne r�soudra pas ce ch�mage (ch�mage keyn�sien), au contraire elle ne ferait que renforcer la spirale d�flationniste. Il faudrait donc relancer la demande afin de ramener la confiance chez les entrepreneurs. Et si on ne peut augmenter la demande en contraingnant les salaires à l'augmention, il fera intervenir ce qui va devenir l'Etat Providence. En s�parant les revenus primaires des revenus disponibles, l'Etat pourra soutenir la demande de ceux dont la propension à consommer est la plus forte. Ceci implique le soutien du pouvoir d'achat des ch�meurs et plus généralement des politiques de redistribution. Ces politiques du Welfare passent par la fiscalit� et les organismes de S�curit� Sociale (charge fiscale fortement progressive, allocations sociales), ainsi que par la rigidification des salaires � la baisse permise par la cons�cration du r�le des syndicats et des conventions collectives ainsi que du SMIG apparu en France en 1950.

3. Les limites de la r�glementation

Les pr�ceptes Keyn�siens ont-ils permis de r�soudre les d�sajustements sur le march� du travail ? La courbe de Philips semblerait le montrer, le ch�mage baisserait au prix de l'acceptation d'une inflation qui ne pose pas de probl�me aux th�oriciens keyn�siens. Le m�canisme d�crit par cette courbe est le suivant un ch�mage �lev� doit coïncider avec une demande faible donc baisse des prix et des salaires, par contre la baisse du ch�mage accro�t la demande donc hausse des prix mais aussi des salaires.

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Mais la crise p�troli�res des ann�es 70 mettant fin aux "Trente Glorieuses" donne tort � la courbe de Philips, la r�glementation du travail se traduit bien par des salaires rigides � la baisse : le ch�mage de masse est devenu ch�mage de longue dur�e, puis ch�mage d'exclusion sans que les salaires ne baissent. Alors que, selon la courbe de Philips, la hausse du chomage aurait du entrainer une baisse de l'inflation. Le résultat en est une inflation forte coexistant avec un taux de chômage élevé, le courbe netient plus.

C. Le ch�mage, sympt�me d'un march� d�r�gl� par l'Etat

1. Ch�mage : compromis social et segmentation de l'emploi

Plusieurs types d'explications ont �t� apport�es � cette situation de ch�mage de masse sans baisse des salaires r�els.

La premi�re est la th�orie des Insiders/Outsiders qui consid�re l'existence d'un compromis social en faveur du ch�mage. Effectivement les n�gociations salariales sont men�es par ceux qui poss�dent un emploi et dont l'objectif est la progression de leur pouvoir d'achat et non la cr�ation d'emploi pour ceux qui sont au ch�mage et qui acceptent leur situation contre une prise en charge sociale de leur absence d'emploi.

Une autre explication compl�mentaire consiste � segmenter le march� du travail en un march� interne non r�gi par les m�canismes du march� et concernant des salari�s particuli�rement g�t�s en avantages sociaux de par la profession qu'ils occupent, l'entreprise o� ils travaillent, on peut ici penser aux fonctionnaires ou � des salari�s travaillant dans des secteurs � statut favoris� comme les dockers. Mais sont aussi concern�s les salari�s tr�s qualifi�s b�n�ficiant d'un salaire d'efficience condition du maintien de leur productivit� et de leur fid�lit� � l'entreprise. De l'autre c�t� on aurait un march� externe r�gi largement selon l'offre et la demande de travail, l� pas d'avantages particuliers. Les salari�s du march� externe permettraient de maintenir les privil�ges des salari�s du march� interne.

Ces deux th�ories peuvent se v�rifier si on compare le march� du travail fran�ais au march� du travail am�ricain. Le premier est marqu� par un fort taux de ch�mage d'une dur�e moyenne sup�rieure � un an, alors que le march� du travail am�ricain se caract�rise par un faible taux de ch�mage et de courte dur�e.

La flexibilit� du march� du travail am�ricain, l'absence de statuts d'exception en serait l'explication.

2. Le ch�mage involontaire dans la th�orie du ch�mage Classique

Simmonot  : Du ch�mage involontaire + de l'incidence de la S�curit� sociale sur le ch�mage

Comment expliquer le ch�mage involontaire ?

Le ch�mage ne peut �tre r�duit en dessous de son taux frictionnels (environ 3 - 4 %), celui-ci est de tr�s courte dur�e et li� aux d�lais d'ajustement d'un emploi � un autre. Il s'explique ici par un co�t du travail qui ne permet pas d'�galiser l'offre et la demande de travail.

Repr�senter graphiquement le ch�mage pour un co�t du travail sup�rieur au salaire d'�quilibre.

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En quoi l'intervention de l'Etat sur le march� du travail pousse � davantage d'interventions.

La mise en place d'un salaire minimum vient perturber l'�quilibre du march�. Au lieu de supprimer l'intervention, d'autres interventions seront mises en place car le march� sera accus� d'�tre vecteur de ch�mage. Ces nouvelles interventions pourront prendre un aspect draconien comme la mise en place de quotas d'emplois pour les ch�meurs longue dur�e, voire l'obligation d'embaucher pour obtenir des contrats publics.

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Quel est l'effet de la S�curit� sociale sur le ch�mage ?

Les d�fenseurs de la S�curit� sociale consid�rent que les cotisations sont des salaires diff�r�s (retraite) ou que l'on per�oit en nature (maladie, allocations familiales, ...) mais en r�alit� on ne cotise pas pour soi mais pour les autres. Ainsi si les salari�s ne consid�rent pas les cotisations comme une part de leurs salaires, et effectivement ils se positionnent surtout sur leur salaire net, ils offriront leur travail en fonction de ce salaire net (offre de travail plus faible). De leur c�t� les employeurs paient bien ce salaire diff�r� (demande de travail plus fable). Le premier effet de la S�curit� sociale est donc d'abaisser la population active.

Mais la S�curit� sociale augmente aussi le co�t du travail et �l�ve le niveau de productivit� marginale qu'un employeur exige du salari� pour l'embaucher - rappelons que le salaire, ou plus exactement le co�t du travail, doit �tre �gal � la productivit� marginale, donc si le co�t du travail augmente la productivit� marginale minimale pour �tre employ�e augmente aussi -. Or nous le savons, les salari�s non qualifi�s sont les moins productifs, ils se retrouveront donc dans un ch�mage d'exclusion. C'est en étant conscient de ce mécanisme que les gouvernement proposent souvent des allégements de charge pour l'emploi des chômeurs de longue durée.

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Le co�t de la r�glementation du travail


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Quel sont les effets du progrès technique sur l'emploi ?

L'impact du progrès technique sur le chômage reste donc ambigu : il crée de nouveaux marchés, de nouveaux besoins et, finalement, de nouvelles perspectives d'emploi, mais au prix d'une transformation parfois douloureuse des structures économiques existantes.

Quels sont les emplois menacés par le progrès technique ?

Selon le rapport de l'Institut Sapiens, les emplois de manutentionnaire, de secrétaire de bureautique et de direction, d'employé de banque, d'assurance ou de caissier, sont les plus menacés. Ils représentent en France 2,1 millions d'actifs.

Quel est l'impact des changements technologiques sur l'emploi ?

Les nouvelles technologies peuvent ne remplacer que partiellement le travailleur humain (par exemple, une personne à la caisse d'un supermarché contribue aussi à dissuader le vol à l'étalage), ou susciter des emplois parallèles (par exemple, lignes d'assistance en informatique).

Comment le progrès technique peut contribuer à la croissance economique ?

Ainsi, en améliorant les techniques de production, le progrès technique génère des gains de productivité favorables à la croissance : les facteurs de production deviennent plus efficaces et permettent de produire plus avec la même quantité de travail et de capital.