Quelles sont les dynamiques spatiales des systèmes productifs français

Le système productif représente, au sens large, l'ensemble des activités productives (qui produisent de la richesse) fonctionnant en système (en interdépendance, en réseau) à vaste échelle, étudiées par la géographie dans leur dimension spatiale.

Un système productif peut-être aussi, au sens strict, l’intégration de différents acteurs autour d’une filière ou de plusieurs filières ayant des liens entre elles (par exemple systèmes numériques, armement, aérospatiale et aéronautique, ou bien agriculture, alimentation, pharmacie et cosmétique).

Le système productif ne se réduit ni au matériel, ni à l'économique. Il se définit comme « l’ensemble des facteurs et des acteurs concourant à la production, à la circulation et à la consommation de richesses » (Carroué, 2013). Le concept, élaboré dans les années 1980, s’inscrit dans une démarche systémique qui associe les caractéristiques d’un modèle productif, d’un modèle spatial et d’un modèle social : les trois dimensions ne peuvent être dissociées en raison des étroites interrelations entre les variables et de leur interdépendance mutuelle.

Sphère productive Sphère de la reproduction sociale

Sphère de la production matérielle : agriculture, industrie, BTP.

Sphère périproductive : services aux entreprises, finance, services de réseaux.

Administration, formation, santé, distribution, services aux particuliers, etc.

D'après Damette et Scheibling (1995).

Géographiquement, la sphère de la reproduction sociale est moins discriminante que la sphère productive. Ces sphères sont articulées en systèmes productifs plus ou moins puissants et dynamiques à l’échelle nationale et aux échelles régionales. Laurent Carroué (2017) distingue trois échelles : celle du « système productif (échelles nationale et régionale), [celle du] tissu productif (espace sous-régional [...]), et [celle du] potentiel productif (échelle locale). »

(MCD), février 2014. Dernière modification en mars 2017.


Références citées
  • Laurent Carroué, La France. Les mutations des systèmes productifs, Paris, 2013, Armand Colin.
  • Félix Damette et Jacques Scheibling, Le territoire français, permanences et mutations, Paris, 1995, Hachette.
  • Jean-Pierre Gilly et François Morin, Les groupes industriels en France. La concentration du système productif depuis 1945, Paris, 1981, La Documentation française.
Pour compléter
  • Antoine Grandclement, « Les pôles de compétitivité : d’une géographie de l’innovation à une géographie de la production », Géoconfluences, décembre 2020.
  • Anne Lascaux, « La recomposition d’un système agricole méditerranéen au prisme des migrations, l’exemple des cultivateurs marocains dans le Comtat », Géoconfluences, 2019.
  • Grégoire Berche, « Les campagnes viticoles du Jurançonnais : dynamiques des vignerons indépendants au sein d’un système productif en recomposition », Géoconfluences, 2018.
  • Laurent Carroué, « Paris-Saclay, une Silicon Valley à la française ? », Géoconfluences, 2017.
  • Jacques Guillaume, «  Le système productif d’énergie de la Basse-Loire, quelle durabilité ? », Géoconfluences, 2014.
  • Simon Edelblutte, « Reconversion industrielle ou redéveloppement territorial ? L'exemple de Thaon-les-Vosges, ancienne ville-usine textile lorraine », Géoconfluences, 2014.

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II. Comment l’espace français s’intègre-t-il dans la mondialisation ?

            A. Quelles sont les dynamiques des espaces productifs français dans la mondialisation à plusieurs échelles ?

                        1. Echelle nationale :    

A partir de la carte 1 page 130, réaliser un schéma sur le sujet suivant : Les dynamiques des espaces industriels en France.

Les dynamiques des espaces industriels en France

 

Quelles sont les dynamiques spatiales des systèmes productifs français

Carte 1 page 130 : Organisation et dynamiques spatiales de l’espace industriel

Quels sont les territoires dont les dynamiques sont positives ? Négatives ? Pourquoi ?

_ La France est la cinquième économie mondiale et une grande puissance industrielle. L’industrie représente 78% des exportations nationales et les secteurs de l’aéronautique et de la pharmacie progressent. Mais la désindustrialisation (Nord, Lorraine) est une réalité : depuis 1980 la France a perdu 2 millions d’emplois industriels. De 40% en 1968 les emplois industriels sont descendus à 13% de l’emploi total aujourd’hui. Le déclin est fort pour les industries lourdes et le textile.

_ La mondialisation fait passer la France d’un espace productif national à une diversité d’espaces productifs locaux. Une nouvelle carte des espaces productifs se met en place : l’opposition de part et d’autre de la ligne Le Havre-Marseille entre une France agricole et tertiaire au Sud-Ouest et un Nord-Est industriel s’efface à cause du recul de l’emploi industriel qui affecte plus fortement les anciennes régions industrielles.

* Dans le Nord-Est les politiques de reconversion industrielle (comme à Valenciennes, Nancy) tentent de diminuer les effets de la crise. Le patrimoine industriel est parfois valorisé.

* Le Sud-Ouest bénéficie de l’émergence de technopoles et d’un effet Sun Belt. L’effet Sun Belt désigne, par analogie avec les Etats-Unis ; l’attractivité pour les entreprises et la main-d’œuvre du sud et de l’ouest du pays (régions littorales et métropoles).

Désindustrialisation (p. 312) : diminution ou disparition de l’activité industrielle.

Reconversion industrielle (p. 315) : rénovation du tissu industriel des régions en crise par la création d’activités nouvelles.

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2. Echelle régionale : 

Texte 4 page 139 : Regain de forme dans les régions

Quelles sont les raisons donnant un « regain de forme » (améliorant la compétitivité) aux régions ?

_ Les régions bénéficient de plusieurs points grâce auxquels leur dynamisme s’accroît :

* création de pôles de compétitivité comme Energivie en Alsace avec le projet d’embauche de 10 000 emplois en 10 ans.

* L’innovation et la recherche et développement sont à l’origine de la performance du secteur de la haute technologie avec des centres importants comme l’Institut national de l’énergie solaire (INES) au Bourget du Lac (Rhône-Alpes). Ainsi peuvent se créer de nouvelles filières d’activités (activités numériques avec les jeux vidéo, les robots intelligents) en Ile-de-France. L’Etat assure un important financement des recherches.

* Les IDE permettent l’essor de nombreux secteurs (comme dans l’agro-alimentaire en Bretagne). La France est attractive pour les financements  à cause de sa position centrale dans l’Union européenne et située à proximité de la riche dorsale européenne.

* Les Firmes transnationales (Airbus mais aussi Axa, Vinci, Alstom) et le secteur du luxe (parfum et cosmétique comme L’Oréal, LVMH, Hermès) sont des acteurs majeurs au niveau économique. Ainsi Hermès et LVMH sont présents au Brésil. Ces FTN peuvent assurer l’essor de régions et de métropoles (Pour Airbus Midi Pyrénées et métropole toulousaine).

* Les métropoles comme Paris ou Toulouse, les noeuds de communication, les territoires innovants sont favorisés alors que d’autres territoires, plus enclavés ou spécialisés dans des productions où la concurrence internationale tourne à leur désavantage, peinent à attirer les activités économiques.

Innovation (p. 313) : création ou amélioration de nouveaux produits ou de services en relation avec les dernières technologies issues de la recherche. L’innovation permet aux entreprises d’être compétitives sur le marché mondial.

Recherche et développement (p. 315) : ensemble des activités destinées à avoir des applications industrielles.

Investissement direct à l’étranger (p. 314) : mouvement international de capitaux réalisé par une firme dans le but de créer, de développer ou de maintenir une filiale à l’étranger. Il peut s’agir aussi de prendre le contrôle d’une entreprise étrangère. Par convention, un investissement direct à l’étranger est établi si l’investisseur acquiert au moins 10% du capital social de l’entreprise convoitée.

Firmes transnationales (p. 313) : entreprise exerçant ses activités dans plusieurs Etats directement ou par l’intermédiaire de filiales.

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3. Echelle locale :

Carte 2 page 133 : Les espaces du tourisme

En quoi le tertiaire est-il une force pour la France ?

Le territoire français a de nombreux atouts (héritages naturels, historiques…) et dispose d’aménagements spécifiques (littoral, montagne, parcs récréatifs…). Les effets induits sur le territoire et l’activité des services sont considérables.

_ Le tertiaire et en particulier le tourisme est une activité motrice de l’économie française :

* La France est le 4e exportateur mondial de services. Le tertiaire fournit 75% des emplois dans le tourisme (entreprises Accor, Club Méditerranée), les services financiers (Société générale, Crédit agricole, Allianz), la santé… mais aussi les fonctions périproductives.

* L’espace touristique comprend différents espaces. Paris est une des villes les plus touristiques au monde pour la richesse de son patrimoine et ses magasins de luxe. Un « croissant périphérique » du tourisme s’étend de la Manche aux Alpes. Le littoral métropolitain et des DROM (Antilles, La Réunion) comporte des stations balnéaires ; dans les Alpes du Nord on trouve trois générations de stations de sport d’hiver : dans les vallées (Chamonix, Megève), vers 1800 mètres d’altitude (l’Alpe-d’Huez, Val d’Isère), stations intégrées au dessus de 1800 mètres (Les Arcs, Tignes).

Tertiaire (p. 144) : secteur d’activité qui englobe le commerce, le transport et les services. Il s’oppose aux secteurs primaire (agriculture, pêche) et secondaire (industrie).

Services (p. 138) : ensemble des activités relevant du secteur tertiaire. Les services offrent un savoir et un travail (banques, publicité, transport, enseignement, santé…).

Fonctions périproductives (p. 138) : fonctions correspondant aux activités nécessaires au fonctionnement des entreprises (assurances, banques, gestion, publicité, transport…).

Stations intégrées (p. 315) : station de sports d’hiver ou station balnéaire conçus pour une prise en charge totale des touristes : activités sportives, loisirs, équipements, hébergement, commerces, etc.

Schéma 16 page 145 : Organisation d’une station de sports d’hiver

Quelles sont les dynamiques spatiales des systèmes productifs français

B. Quels sont les facteurs d’évolution des localisations des activités sur les territoires français ?

ACTIVITE : Préparer un débat sur le sujet : « Les délocalisations, une désindustrialisation de la France ? »

Constitution de groupes avec un travail de recherche sur manuel et d’analyse à travers les questions des pages 150-151. Groupes contre les délocalisations : faire les questions 1 à 3 page 150 ; groupes pour les délocalisations : faire les questions 1 à 3 page 151.

GROUPE : CONTRE LES DELOCALISATIONS

Question 1 page 150 : Quels sont les acteurs industriels les plus touchés par les délocalisations industrielles (1, 2) ? Pourquoi ?

Les activités industrielles traditionnelles (métallurgie, automobile…) et celles qui emploient beaucoup de main-d’œuvre (industries du cuir, du jouet…) sont les premières victimes des délocalisations vers les pays où le coût du travail est faible.

Question 2 page 150 : Quelles sont les conséquences sociales des fermetures d’usines (2, 3) ?

Une forte augmentation du chômage.

Question 3 page 150 : Quelles régions sont davantage gagnées par la désindustrialisation liée aux délocalisations (2) ?

Les « vieilles » régions industrielles fondées sur l’exploitation minière et la fabrication d’acier (Nord, Lorraine…), les régions spécialisées dans une mono-activité (industries textiles, automobile…) sont les plus touchées.

GROUPE : POUR LES DELOCALISATIONS

Question 1 page 151 : Pour quelles raisons les entreprises délocalisent-elles (2, 4, 5) ?

Les délocalisations ont pour but la conquête de nouveaux marchés, notamment vers les pays émergents d’Asie. Elles s’inscrivent dans la logique de la mondialisation : la France bénéficie aussi de l’installation d’entreprises étrangères.

Question 2 page 151 : Les délocalisations ont-elles uniquement des effets négatifs sur l’emploi et l’économie (4) ?

Toutes les activités industrielles n’ont pas vocation à être délocalisées (les coûts de transport pouvant être trop élevés). Les pertes d’emploi sont à relativiser : moins de 7 %.

Question 3 page 151 : Quels arguments sont développés pour relativiser le déclin de l’industrie française (6, 7) ?

La diminution de l’emploi productif est compensée par la croissance des emplois des services destinés à l’industrie (+ de 3 millions).

Quelles sont les dynamiques de l'espace productif ?

Un espace productif est un espace aménagé et mis en valeur par l'Homme, pour développer une activité économique. Il existe trois types d'espaces productifs : ceux destinés à la production agricole, à la production industrielle et à la production de services.

Quelles sont les dynamiques des espaces productifs en France ?

Les espaces industriels les plus dynamiques sont les grandes régions industrielles (régions parisienne, lyonnaise et alsacienne) et l'arc méridional des hautes technologies (de la Bretagne à la côte d'Azur).

Quelles sont les caractéristiques du système productif français ?

Les systèmes productifs sont marqués par la désindustrialisation et la tertiairisation des emplois. On parle de mutations du système productif français : c'est un glissement des emplois des secteurs agricole et industriel vers les services.

Quels sont les dynamiques des espaces productifs dans la mondialisation ?

Les métropoles, les nœuds de communication, les territoires innovants sont favorisés alors que d'autres territoires, plus enclavés ou spécialisés dans des productions où la concurrence internationale tourne à leur désavantage, peinent à attirer les activités économiques.