Quel pourcentage du réchauffement climatique est imputable aux activités humaines ?

Publié le 26 juillet 2019 à 20h41

Quel pourcentage du réchauffement climatique est imputable aux activités humaines ?

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

A LA LOUPE - Dans les rangs des climato-sceptiques, c'est un argument qui revient souvent : le changement climatique serait davantage dû à des causes naturelles, comme l'intensité du Soleil, qu'à l'activité humaine. Mais qu'en disent les experts et les études reconnues sur le sujet ?

Une tribune publiée le 23 juillet dernier dans le journal Valeurs Actuelles, par le géophysicien controversé Vincent Courtillot, intitulée "Le rôle déterminant du Soleil sur le climat de la planète", a suscité des réactions ce vendredi 26 juillet. Ce spécialiste du champ magnétique terrestre décorrèle l'émission de gaz à effet de serre et la hausse des température. 

Il l'affirme : "La température a augmenté autant et aussi vite de 1010 à 1940 que de 1970 à 2000, alors que la quantité de gaz à effet de serre émise était bien moins importante. Et la température a décru de 1940 à 1970, alors que la production de gaz à effet de serre augmentait considérablement. (...) Ces remarques, et d'autres encore que nous n'avons pas la place d'exposer en détail ici, nous ont conduit à penser que peut-être le rôle du Soleil dans les changements récents avait été sous-estimé."

Par le passé, Vincent Courtillot s'est retrouvé au d'une polémique en 2007 alors que des erreurs ont été retrouvées dans l'une de ses publications. Et c'est aussi un détracteur des travaux du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). En substance, sa tribune revient aujourd'hui à poser la question de la part de l'activité humaine et des causes naturelles dans le réchauffement climatique. Qu'en disent les études reconnues par la communauté scientifique jusqu'à présent ?

Consensus scientifique

En fait, cette question est désormais résolue dans la littérature scientifique sur le sujet. Depuis des années, les rapports d'expertise se font de plus en plus affirmatifs quant à l'origine anthropique, c'est-à-dire humaine, sur le réchauffement climatique. En 2014, le cinquième rapport du Giec constatait déjà : "Les émissions anthropiques de gaz à effet de serre ont augmenté depuis l'époque préindustrielle en raison essentiellement de la croissance économique et démographique. Elles ont été plus élevées que jamais entre 2000 et 2010. Les émissions passées ont élevé les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone, de méthane et d'oxyde nitreux à des niveaux sans précédent depuis au moins 800.000 ans, entraînant une absorption nette d'énergie par le système climatique."

Et d'ajouter : "On a gagné en certitude, depuis le quatrième rapport d'évaluation, concernant l'influence des activités humaines sur le système climatique. Cette influence se détecte dans le réchauffement de l'atmosphère et de l'océan, dans les changements du cycle global de l'eau, dans le recul des neiges et des glaces et dans l'élévation du niveau moyen ds mers du globe; il est extrêmement probable qu'elle est la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle."

Capture rapport GIEC 2014

Quatre ans plus tard, dans le cadre d'un rapport spécial, les membres du Giec se montrent davantage catégoriques encore.  Les experts de Meteo France, notamment, qui participent au Giec, indiquent ainsi : "En 2017, le réchauffement global a atteint +1°C par rapport à la période industrielle" et "les émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique provoquent une hausse moyenne des températures de l'ordre de 0,2°C par décennie à l'échelle de la planète. A ce rythme, le seuil de 1,5°C de réchauffement devrait être atteint dès 2040." 

La dernière étude en date sur ce point remonte à juillet 2018. Elle a été publiée dans la revue Science par plusieurs chercheurs, qui fondent leurs conclusions sur l'examen de trente-huit années de données satellitaires (consultable ici, en anglais) dans la troposphère (atmosphère terrestre proche). Les températures ont donc été récupérées par des satellites puis comparées aux données existantes relatives à "l'empreinte humaine" connue dans les gaz à effet de serre. D'après les chercheurs, les correspondances entre ces données et les changements de température saisonnières dans la troposphère ne laissent pas de doute : elles ne peuvent pas être expliquées par des causes naturelles, mais bien humaines. "Nous apportons la preuve scientifique qu'un signal causé par les activités humaines a émergé - au-delà des variations naturelles - dans les cycles saisonniers de la température de la troposphère", écrivent-ils en conclusion.

Des variations naturelles régionales et cycliques

Est-ce à dire qu'il faut nier toute variation naturelle ? On le voit bien dans les rapports : ceux-ci s'emploient justement à équilibrer ces constats. Comme l'explique Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coordinatrice du 5e rapport du Giec, "le soleil peut en effet faire varier la température à la surface de la terre de l'ordre de 0,05°C". Les éruptions volcaniques aussi font partie des facteurs naturels des variations climatiques : les particules qui sont alors émises produisent ce qu'on appelle un "effet parasol" refroidissant sur l’atmosphère. Mais, et toute la nuance est là : ces variations demeurent régionales et sont cycliquement limitées dans le temps. 

Or, c'est bien la hausse de la température à l'échelle planétaire qui intéresse les spécialistes. Ces études à si grande échelle ne sont pas faciles à mener. Ce sont des grands chantiers, à l'image de ce qu'a produit une équipe de chercheurs mercredi 24 juillet dans la revue Nature. Ils ont observé que le réchauffement climatique actuel est inédit par son ampleur, sa vitesse et sa dimension planétaire. 


Anaïs Condomines

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