Quand le royaume-uni a quitté l'union européenne

Publié le 17/02/2016 à 14:58, Mis à jour le 18/02/2016 à 11:02

Nigel Farage, leader du parti souverainiste Ukip. VINCENT KESSLER/REUTERS

Les vingt huit pays membres négocient à Bruxelles pour le maintient de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne, les eurosceptiques militent pour s'affranchir des règles économiques, reprendre le contrôle des frontières et restaurer leur souveraineté nationale.

De notre correspondant à Londres

Depuis des années, les eurosceptiques font campagne pour obtenir un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne. Leur argument: depuis l'adhésion du pays en 1973, ratifiée (à 67%) par la population en 1975, l'Europe a complètement changé de nature. Les Britanniques avaient rejoint un grand marché économique et se retrouvent, sans avoir eu leur mot à dire, dans une union politique en marche vers une intégration croissante. Alors qu'a lieu jeudi un sommet européen crucial pour l'avenir du Royaume-Uni dans l'Union européenne, voici leur heure venue pour justifier leurs motivations pour un Brexit.

1- Contrôler l'immigration

Si l'Europe n'apparaît pas en tête des préoccupations des électeurs, c'est en revanche le cas de l'immigration. Depuis plusieurs années se répand un sentiment de «trop plein» en Grande-Bretagne, entretenu par le parti souverainiste Ukip (United Kingdom Independence Party) et, dans son sillage, les partis de gouvernement. Plus de la moitié de l'immigration nette en Grande-Bretagne provient de l'Union européenne, en particulier des pays de l'Est (Pologne, Roumanie, pays baltes…). La liberté de circulation au sein de l'UE empêche Londres d'agir sur ces flux. Pour contrebalancer, le gouvernement a durci les critères d'entrée pour les pays du reste du monde. Les eurosceptiques estiment qu'en dehors de l'UE, le Royaume-Uni pourrait enfin reprendre le contrôle de ses frontières et de sa politique migratoire.

2- Restaurer la souveraineté nationale

La souveraineté de la représentation nationale britannique, «mère de tous les Parlements», est sacrée dans l'esprit des Anglais. Les politiques vivent très mal le sacrifice qu'impose l'appartenance à l'UE, d'où seraient originaires 70% des textes de lois applicables. Ils dénoncent le déficit démocratique des décisions d'une Commission non élue. Les plus durs des eurosceptiques réclament en vain un droit de veto sur les décisions de Bruxelles. À défaut, ils plaident pour une sortie de l'Union qui seule rendrait au Parlement de Westminster sa toute-puissance. Ils abhorrent les décisions politiques issues de consensus à Vingt-Huit, la suprématie de la Cour de justice européenne ou de la Cour européenne des droits de l'homme sur les tribunaux britanniques, ainsi que l'idée d'une politique étrangère ou, pire, d'une défense communes.

3- Quitter un navire qui prend l'eau

La crise de la zone euro qui n'en finit pas, le renflouement de la Grèce à coups de milliards d'euros (auquel le Royaume-Uni n'a pas participé), le naufrage des migrants nourrissent la vision britannique d'échec du projet européen et d'un continent à la dérive. Par contraste, le dynamisme retrouvé depuis deux ans de l'économie britannique les conforte dans l'idée qu'il est grand temps de «se détacher de ce cadavre» pour survivre et prospérer.

4- S'affranchir des régulations de Bruxelles

Si les multinationales sont largement en faveur du maintien dans l'UE, les patrons de petites et moyennes entreprises se plaignent des entraves des normes et régulations imposées par Bruxelles sur leur liberté d'entreprendre. Les agriculteurs critiquent les contraintes de la politique agricole commune. Les pêcheurs souffrent des restrictions imposées par l'UE. La directive sur le temps de travail (48 heures hebdomadaires) est vitupérée, par exemple pour les médecins hospitaliers. La City peste contre les normes financières européennes et les limitations imposées sur les bonus des banquiers. Le Brexit permettrait également au Royaume-Uni d'économiser les 11 milliards de livres de sa contribution nette au budget européen.

5- Commercer librement avec le monde

Si l'appartenance au premier marché mondial facilite les échanges commerciaux, les eurosceptiques estiment que Londres pourrait faire mieux hors du cadre de l'UE. Ils voudraient voir Londres reprendre son siège à l'Organisation mondiale du commerce pour signer ses propres partenariats avec des pays extérieurs, comme la Chine, l'Inde, les émergents d'Asie ou d'Amérique latine, et retrouver sa place sur la scène internationale. Ils mettent en avant les relations privilégiées avec les membres du Commonwealth pour dessiner une vision radieuse pour le commerce extérieur britannique post-Brexit.

Le Royaume-Uni a quitté de manière effective l'Union européenne ce jeudi soir, tournant le dos à 48 ans d'une vie communautaire tumultueuse, pour se diriger vers un avenir post-Brexit incertain dans ce qui constitue son plus important virage géopolitique depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Le Brexit s'est produit de manière effective jeudi à 23 h 00 GMT, onze mois après que le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, date à laquelle s'était ouverte une période de transition pendant laquelle il était resté intégré au marché unique et soumis aux normes communautaires.

Pendant près de cinq ans, les rebondissements frénétiques liés au feuilleton du Brexit ont rythmé les affaires européennes, hanté les marchés et terni la réputation du Royaume-Uni en tant que pilier de la stabilité économique et politique de l'Occident.
Finalement, l'un des événements les plus importants de l'histoire du Vieux Continent depuis la chute de l'Union soviétique en 1991 s'est déroulé sans fanfare: le Royaume-Uni s'en est allé dans un relatif silence, dans un contexte de mesures sanitaires strictes face à l'épidémie de coronavirus.

Décrit par ses partisans comme le début d'une nouvelle ère pour une Grande-Bretagne à l'indépendance retrouvée et tournée vers le monde, le divorce avec l'UE a distendu les liens entre l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande du Nord - un marché économique de quelque 2.200 milliards de livres sterling.

"C'est un moment incroyable pour ce pays", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson lors de ses voeux du réveillon. "Nous avons en mains notre liberté et il nous appartient d'en tirer le meilleur", a ajouté celui qui fût en 2016 l'une des figures de proue des "Brexiters".

Message patriotique

Boris Johnson, âgé de 56 ans, a assuré à l'UE que le Royaume-Uni resterait la "civilisation européenne par excellence". Le dirigeant conservateur a toutefois livré peu de détails sur ce qu'il compte bâtir grâce à la nouvelle "indépendance" britannique, sur fond de lourd endettement pour faire face à la crise sanitaire.

Dans une tribune au Telegraph publiée jeudi, Boris Johnson a déclaré que l'Etat devra investir dans les infrastructures, l'éducation et la technologie. "Nous devrons parfois légiférer de manière différente ou meilleure, et cela pourrait signifier de profiter des libertés du Brexit", a-t-il écrit.

En juin 2016, quelque 17,4 millions d'électeurs britanniques s'étaient prononcés en faveur de la sortie de l'Union européenne, soit 52% des suffrages exprimés, et 16,1 millions s'y étaient opposés. Peu d'entre eux ont changé d'avis depuis.
L'Angleterre et le Pays de Galles étaient majoritairement favorables au Brexit, mais pas l'Ecosse ni l'Irlande du Nord.
Le référendum a mis en exergue des divisions au Royaume-Uni allant bien au-delà de la question européenne. Il a alimenté les interrogations sur un large spectre de thèmes, qu'il s'agisse de sécession, d'immigration, de capitalisme ou de l'essence même de l'identité britannique moderne.

Quitter l'UE fut jadis le rêve d'une bande hétéroclite d'eurosceptiques en marge de la politique britannique. C'est en tant que "malade de l'Europe" que le Royaume-Uni a rejoint le bloc en 1973 et les dirigeants britanniques débattaient deux décennies plus tard d'une éventuelle entrée dans la zone euro.

Mais les tourments de la crise de la zone euro, les craintes d'une immigration massive au Royaume-Uni et le mécontentement des Britanniques à l'égard du pouvoir à Londres ont aidé les "Brexiters" à remporter le référendum avec un message patriotique d'espoir, bien que vague.

"Nous voyons pour nous un avenir mondial", a dit Boris Johnson, arrivé au pouvoir à l'été 2019, qui est parvenu contre toute attente à décrocher un accord de divorce puis un accord commercial post-Brexit avec Bruxelles, tout en obtenant entre-temps la plus importante majorité parlementaire du Parti conservateur depuis Margaret Thatcher.

Uni, le Royaume ?

Le Brexit, aux yeux de ses partisans, est une échappatoire à un projet européen dominé par l'Allemagne qu'ils jugent voué à l'échec car à la traîne face aux deux plus grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine.

Les opposants au divorce avec l'UE y voient une sottise qui va affaiblir l'Occident, torpiller ce qui reste de l'influence du Royaume-Uni sur la scène internationale, nuire à l'économie britannique et, au final, appauvrir la population et la rendre moins cosmopolite.

Quand l'horloge de Big Ben a retenti de onze coups à 23h00, l'émotion était peu perceptible à Londres, récemment placée en confinement face à l'apparition d'un variant plus contagieux du coronavirus et la hausse des nouvelles infections.

Malgré l'accord commercial post-Brexit scellé la semaine dernière entre Bruxelles et Londres, la sortie du Royaume-Uni du marché unique et de l'union douanière devrait entraîner des perturbations aux frontières pour les transferts de marchandises.

Après des décennies de vie commune, le divorce va provoquer un large éventail de changements, allant des passeports pour les animaux, aux normes pour le permis de conduire des Britanniques présents dans l'UE, en passant par la réglementation sur les données privées.

En marge du feuilleton du Brexit, l'opinion publique en Ecosse s'est avérée de plus en plus favorable à l'indépendance du pays, à cause du divorce avec l'UE et de la crise sanitaire du coronavirus, jetant une ombre sur 300 ans d'union politique entre l'Angleterre et l'Ecosse.

La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a déclaré par le passé qu'un référendum sur l'indépendance devrait avoir lieu lors des premiers mois de la future législature l'an prochain.

"L'Ecosse reviendra bientôt", a-t-elle dit sur Twitter jeudi à 23 h 00 GMT, s'adressant à l'UE. "Laissez la lumière allumée", a ajouté la dirigeante écossaise. 

Scotland will be back soon, Europe. Keep the light on \ud83c\udff4??????\u2764\ufe0f\ud83c\uddea\ud83c\uddfa\u2764\ufe0f\ud83c\udff4?????? pic.twitter.com/qJMImoz3y0

— Nicola Sturgeon (@NicolaSturgeon) December 31, 2020

Quel pays a quitté l'Union européenne en 2021 ?

Le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, familièrement désigné sous le nom de « Brexit », a lieu le 31 janvier 2020 .

Quelle année l'Angleterre a quitté l'Union européenne ?

Conclusion : la séparation s'est faite en deux temps. Le 31 janvier 2020, le pays a officiellement quitté l'Union européenne, cessant ainsi de prendre part à ses décisions. Mais ce n'est que le 31 décembre 2020 que l'essentiel des changements a eu lieu, avec la sortie du pays de l'union douanière et du marché unique.

Comment expliquer le Brexit ?

« Brexit », définition Il s'agit d'une abréviation de "British Exit", évoquant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et faisant référence au "Grexit", néologisme apparu durant l'été 2015 lors de la crise grecque.

Comment s'en sort le Royaume

Le 30 décembre 2020, un accord de commerce et de coopération a été signé avec le Royaume-Uni. En application provisoire depuis le 1er janvier 2021, l'accord a été ratifié par l'Union européenne le 29 avril 2021.