Montrer que linnovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance

Montrer que linnovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance
En 1987, le Rapport Brundtland Notre avenir à tous commandité par l’ONU en vue du Sommet de la Terre définissait le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Cette définition est importante car elle marque la prise de conscience et l’institutionnalisation des préoccupations environnementales. Pourtant, on a eu tendance trop souvent à opposer impératifs écologiques et économiques, pour soutenir la thèse d’une décroissance inévitable. Décroissance qui serait la seule solution au réchauffement climatique, à la dégradation de la biodiversité et à l’épuisement des ressources naturelles.

On a oublié que ce même Rapport a aussi et surtout mis en lumière le rôle du progrès technique et de l’innovation dans le développement durable : « deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de ‘besoins’, et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir ».

Dans cette conception du développement durable, les besoins des générations présentes et futures ne sont donc pas limités par le stock de ressources naturelles, mais par l’état des techniques destinées à en tirer parti. Il ne s’agit pas seulement de mettre l’accent sur les limites de la capacité de la planète à répondre aux besoins, mais plutôt de pointer la capacité des hommes et des techniques. Dans cette logique, l’amélioration de l’état des techniques, à travers l’innovation, permettrait de répondre aux besoins.

Les innovations environnementales ou éco-innovations (c’est-à-dire les procédés, les produits, les techniques et les modes d’organisation nouveaux compatibles avec une démarche écologique) doivent être au cœur de la stratégie de développement durable. Par la mise en place de prescriptions, lois, normes et règles visant à inciter les entreprises à innover en matière environnementale, l’instrument règlementaire a été jusqu’à présent le mode action privilégié par les pouvoirs publics.


  • Nadel S., Galliano D., Orozco L., 2016, « Adoption of Environmental Management Systems and Organizational Change : The Case of the French Industrial Firms », Journal of Innovation Economics & Management, 21(3), 109-132.
  • Galliano D., Nadel S., 2013, « Les déterminants de l’adoption de l’éco-innovation selon le profil stratégique de la firme. Le cas des firmes industrielles françaises », Revue d’Economie Industrielle, n°142, 77-110.
  • CMED (Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement), 1987, Notre avenir à tous, Montréal : Editions du Fleuve, 1989 (édition en français).


Règlementer pour des innovations vertes ?

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Depuis l’émergence et l’importance croissante des préoccupations liées au développement durable, les économistes se sont interrogés sur les types de règlementations écologiques les plus à mêmes de stimuler la performance environnementale des entreprises. Certains de leurs travaux ont eu un impact réel sur les politiques publiques environnementales : la taxe carbone, le marché d’émissions de carbone, les normes de produits sont autant d’instruments de politique environnementale dont l’efficacité est soulignée par les économistes. Pourtant, ces derniers ont tendance à omettre le lien par lequel chaque politique conduit à améliorer la performance environnementale des firmes. De fait, ils considèrent que la mise en œuvre des innovations environnementales proviendrait uniquement de la mise en place de règlementations environnementales !

L’enquête réalisée par l’INSEE en 2009, à ce jour unique enquête dont on dispose, fournit des informations riches sur le comportement des entreprises françaises en matière de pratiques environnementales et permet de montrer que l’émergence des éco-innovations est liée à de multiples facteurs, et non pas à la seule pression règlementaire. Une analyse fine du comportement des entreprises françaises permet en effet de mettre en évidence l’importance fondamentale de l’interdépendance entre d’un côté les innovations environnementales et, de l’autre, les transformations que connaissent les entreprises mettant en œuvre de nouvelles pratiques plus vertes.

Les entreprises réagissent aux régulations environnementales en adoptant des innovations incrémentales, c’est-à-dire des modifications mineures de leurs produits ou procédés. Celles-ci correspondent à des innovations de type « end of pipe » (en bout de chaîne), correspondant à un contrôle de la pollution ex post, à travers la mise en place, par exemple, de filtres à air qui réduisent les émissions polluantes. De telles innovations ont un modeste effet positif sur l’environnement, mais elles ne peuvent être considérées comme l’alpha et l’oméga d’une réelle transition écologique, et n’épuisent pas l’objectif central du développement durable.

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Les entreprises ont tendance à faire un usage stratégique de la règlementation. On observe notamment que, simultanément à l’adoption de pratiques plus vertes, elles ont cherché à améliorer leur image de marque en adoptant une communication adéquate. Par exemple, de nombreuses marques de liquide vaisselle ont communiqué sur leurs pratiques plus respectueuses de l’environnement, alors que celles-ci n’étaient qu’une mise en conformité obligatoire par le durcissement de la règlementation européenne en 2004 (règlement N°648/2004 sur les détergents et produits d’entretien).

Changer pour innover ?

A rebours d’une vision techniciste trop répandue, qui limite l’innovation environnementale aux nouveaux produits « verts » ou aux nouveaux procédés moins polluants, l’analyse des informations fournies par les entreprises françaises montre que les innovations environnementales sont plus fortement interdépendantes non avec le changement technique (nouveaux produits ou procédés plus écologiques), mais plutôt avec le changement organisationnel, c’est-à-dire, par le changement dans les relations hiérarchiques, l’affectation des tâches, ou les modes de travail.

Ainsi, adopter de nouvelles pratiques environnementales exige un processus d’apprentissage de la part des différents types d’acteurs au sein de l’entreprise, ce qui implique des changements dans l’organisation du travail et de la production. Par exemple, la mise en place de pratiques plus vertes peut se traduire par des pratiques de travail plus collectives et la réduction du poids de la hiérarchie. Une telle logique favorable à l’environnement peut être liée à une hausse de la productivité des salariés et à une plus forte identification du salarié à l’entreprise : deux modalités vertueuses relient donc l’innovation environnementale et organisationnelle.

Vers une profonde transition écologique ?

L’innovation environnementale peut-elle conduire à de nouveaux modes de production, à une transition vers de nouveaux modèles économiques d’entreprise ? Peut-elle renforcer des logiques d’économie circulaire ?


L’économie circulaire

Dans le modèle traditionnel de production et de consommation linéaire, les matières premières sont extraites, transformées, consommées et jetées. A l’opposé, le modèle de l’économie circulaire vise à « boucler la boucle », pour faire en sorte que les biens et services soient produits tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources d’énergie. En France, sa mise en place est désormais un objectif officiel de la politique publique suite à l’adoption, le 17 août 2015, de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte.

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En termes de pratiques organisationnelles et environnementales, la mise en place du modèle de l’économie circulaire passe par l’amélioration de la prévention des déchets, par un ensemble de mesures au niveau de la conception, de la distribution et de la consommation du bien ; mais aussi par une gestion de ces déchets qui les réinjecteraient dans le cycle économique, en favorisant la réutilisation et le recyclage. Les effets positifs sur l’environnement de ce type de modèle sont nombreux et notables. Une des implications majeures provient du fait qu’il permet de découpler progressivement la croissance économique de la consommation de matières premières.

Pourtant, la diffusion de ce type de modèle et des pratiques environnementales ayant un effet radical sur l’environnement rencontre de puissantes forces d’inerties. Pour atteindre une réelle transition écologique, la nature de ces inerties et les logiques institutionnelles qui gouvernent les processus de diffusion des innovations environnementales devraient être analysées de manière plus approfondie. Il s’agirait d’explorer dans quelle mesure les processus d’innovations environnementales sont associés à des institutions règlementaires (règles explicites, règlementations…) qui sont des contraintes pour l’action ; ou encore d’étudier quels types de valeurs et de normes sociales, de système de croyances ou de représentations ils exigent… Beaucoup de travail reste à faire pour les chercheurs !

Sur la base des connaissances actuelles, nous pouvons tout de même conclure que l’innovation peut venir au secours de l’environnement… mais à condition que les systèmes de représentations et de croyances des entreprises changent. Continuer à s’appuyer exclusivement sur l’action réglementaire se soldera par un échec. Pour engager la profonde transition écologique qui permettra de répondre aux besoins des générations présentes et futures, une diffusion massive d’innovations environnementales est nécessaire ; pour ce faire, une évolution profonde des pratiques des firmes est désormais à rechercher.

Montrer que linnovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance

Crédits images en CC : Pixabay ruoaa, Geralt, PublicdomainPictures.net Karen Arnold, Pixabay ElsaRiva, Wikimedia Commons DamarisBasileJudith


Comment l'innovation Peut

En conclusion, [reprise de la question ]l'innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance économique grâce [reprise affirmation AEI n°1] aux innovations vertes dans le domaine des transports, de l'énergie ou du développement urbain [reprise affirmation AEI n°2] ainsi qu'en permettant de faire ...

Comment l'innovation peut être une solution aux limites Ecologique ?

D'un autre côté, l'innovation est aussi l'un des leviers les plus efficaces pour améliorer notre impact écologique. Par exemple, la France produit une énergie émettant très peu de gaz à effet de serre, notamment grâce à l'énergie nucléaire et dans une moindre mesure aux énergies renouvelables.

Comment l'innovation peut contribuer à la soutenabilité de la croissance ?

Pour présenter les choses simplement, l'innovation peut entraîner une hausse de la productivité, autrement dit, une augmentation de la production avec les mêmes intrants. Une meilleure productivité se traduit par une progression de la production de biens et services, c'est-à-dire la croissance de l'économie.

Quelles sont les limites écologiques de la croissance ?

La croissance se heurte à des limites sociales (les inégalités) et écologiques (les externalités négatives, les gaz à effets de serre, l'épuisement des ressources naturelles). Une externalité est un effet non voulu de la production.