Quels sont les pays responsables du réchauffement climatique?

Tous les états ne polluent pas de la même manière. Ce sont les économies développées qui sont les principales responsables du réchauffement climatique.

Quels sont les pays responsables du réchauffement climatique?

Infographie : 20 pays comptent pour 80% des émissions de CO2 (Alice Clair/Julien Guillot)

par Alice Clair et Julien Guillot

L’année 2020 n’aura été qu’un court répit pour la planète : selon les premières estimations, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé en même temps que la mise en pause de l’activité humaine en raison du confinement, mais cette baisse n’est pas aussi importante que l’on aurait pu l’imaginer.

Malheureusement, ces émissions ne demandent qu’à redémarrer de plus belle en 2021. L’Agence internationale de l’énergie s’attend à un fort rebond des émissions liées à la production d’énergie (+4,8 % sur l’année). Ce qui remettrait les compteurs au niveau de 2019.

Avant les effets de la pandémie de Covid-19, on distingue quelques tendances : l’Europe connaît une baisse générale continue sauf dans le secteur des transports. Les Etats-Unis baissent légèrement leurs émissions (qui partaient de très haut). La hausse est principalement due aux économies émergentes au premier rang desquelles la Chine et l’Inde.

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Un article récent détaille les efforts faits à ce jour pour évaluer le niveau de responsabilité de chaque pays dans le total de dioxyde de carbone (CO2) émis depuis le début de la révolution industrielle. Ce total est étroitement lié au réchauffement climatique déjà produit. Certains pays sont plus responsables que d’autres et malheureusement le Canada fait partie du top 10 des pays les plus responsables. Pire, il se classe même au 1er rang (ou au 2e rang en fonction du mode de calcul) lorsqu’on rapporte le tout à sa population !

L’article présente une vidéo édifiante qui montre pour la première fois les pays les plus responsables des émissions historiques telles qu'elles se sont accumulées entre 1850 et 2021.

Au total, l'homme aura injecté dans cette période environ 2500 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère depuis 1850, ce qui laisse moins de 500 GtCO2 pour rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement.

Pour la première fois, l'analyse inclut les émissions de CO2 liées à l'utilisation des terres et à la foresterie, en plus de celles provenant des combustibles fossiles. Le changement d'affectation des terres et la foresterie ont ajouté quelque 786 GtCO2 entre 1850 et 2021, soit près d'un tiers du total cumulé, les deux tiers restants (1 718 GtCO2) provenant des combustibles fossiles et du ciment.

À mesure que les émissions ont augmenté, le budget carbone a été épuisé à un rythme accéléré, la moitié du total cumulé depuis 1850 ayant été libérée au cours des 40 dernières années seulement.

En première place du classement, les États-Unis ont rejeté plus de 509Gt de CO2 depuis 1850 et sont responsables de la plus grande part des émissions historiques, avec quelque 20,3% du total mondial. La Chine arrive relativement loin derrière, avec 11,4%, suivie de la Russie (6,9%), du Brésil (4,5%) et de l'Indonésie (4,1%). Ces deux derniers pays figurent parmi les dix plus grands émetteurs historiques, en raison du CO2 émis par leurs terres. Dans le même temps, les grandes nations européennes post-coloniales, telles que l'Allemagne et le Royaume-Uni, représentent respectivement 3,5 % et 3 % du total mondial, sans compter les émissions outre-mer sous le régime colonial. L'Inde occupe la septième place du classement, avec 3,4 % du total cumulé. Le Japon, avec 2,7 %, et le Canada, avec 2,6 %, et 65,5 Gt d’émission cumulée de CO2 ferment la marche des dix premiers contributeurs aux émissions historiques.

Le Canada se classe donc dixième dans la liste des plus gros émetteurs historiques.

Les émissions liées au transport international (aviation et transport maritime), qui sont presque toujours exclues des inventaires et des objectifs nationaux, figureraient au 11e rang de la liste si elles étaient considérées comme une "nation".

L’étude propose aussi de rapporter ces chiffres à la population selon deux approches. La première prend les émissions cumulées d'un pays pour chaque année et les divise par le nombre de personnes vivant dans le pays à ce moment-là, attribuant donc implicitement la responsabilité du passé aux personnes vivant aujourd'hui. La deuxième approche prend les émissions par habitant d'un pays pour chaque année et les additionne au fil du temps ce qui donne un poids égal aux émissions par habitant des populations du passé et du présent.

Et, malheureusement, selon ces deux méthodes le Canada se classe aux toutes premières positions en raison à la fois d’un taux de déforestation élevé au cours du XIXe et du milieu du XXe siècle lorsque la population était beaucoup plus faible mais aussi de son utilisation élevée de combustibles fossiles par habitant au cours des dernières décennies.

Au Québec, nous ne pourrons plus désormais faire abstraction de ces données. Elles devraient nous pousser à davantage encore de conscience mais peut-être aussi de responsabilité. Heureusement de vaillants et vaillantes habitant-es de notre territoire sont à l’œuvre pour nous aider à prendre une direction davantage compatible avec la vie et la santé de tous et au final davantage compatible avec la justice sociale.

Il s’agit plus que jamais de redoubler d’efforts pour changer de cap. Nos bibliothèques aussi devraient y contribuer notamment en s'impliquant avec davantage de force dans des actions d'éducation relative à l'environnement. Nous en avons tout le potentiel et nous le savons mieux maintenant, nous devons y arriver y compris en raison de notre responsabilité sociale particulière.