Quels sont les émissions de GES du secteur énergétique mondial en 2022 ?

Depuis 1850, les pays, les secteurs et les consommateurs les plus pollueurs sont en constante évolution. Les derniers chiffres publiés, comparés aux projections du GIEC et de l’Accord de Paris, incitent à la mise en place, sans concession, d’actions à effet rapide.

Par Françoise Blind-Kempinski, Louise Motte-Moitroux et Jules Grandin

L’année 2020 avec une réduction des émissions de CO2 de l’ordre de 7 % au niveau mondial aura été une pause non anticipée et bienvenue dans une ascension continue depuis le milieu du XIXe siècle. C’est la première fois qu’un repli aussi important est mesuré depuis le début de l’ère industrielle. Même les récessions de 1981, 1992 et 2009 n’ont pas permis d’atteindre un tel
résultat. Pour autant et selon les scientifiques, elle n’aura servi à rien, sauf peut-être à éclairer nos consciences, car les émissions de dioxyde de carbone devraient continuer à croître. Or, pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris, la diminution des émissions mondiales devrait être comprise entre 25 % et 55 %, en 2030 par rapport au niveau actuel. Soit une
baisse annuelle comprise entre 4 % et 5 %, chaque année jusqu’à 2030.

L’évolution des émissions de gaz à effet de serre, dont celle du dioxyde de carbone (CO2 ), est calculée depuis le début de l’ère préindustrielle, couramment fixée aux années 1850-1900. C’est en effet la période à laquelle on commence à disposer d’observations sur l’évolution des températures et qui est utilisée comme référence dans les rapports d’évaluation du GIEC. La courbe ci-dessous est éloquente : la quantité de carbone émise atteignait 5 milliards de tonnes en 1950. Elle culmine à 34 milliards de tonnes aujourd’hui. Ces chiffres résultent prioritairement de la combustion du charbon et du gaz, puis du pétrole, nécessaires à la production industrielle.

Toutefois, ces émissions ne sont pas réparties également dans le monde. Jusqu’au début des années 1970, les principaux émetteurs étaient les pays les plus développés c’est-à-dire les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne. S’ils ont été rattrapés par les pays en pleine croissance d’Asie et la Chine au premier chef, qui est aujourd’hui le pays qui rejette le plus de CO2, les Etats-Unis restent le pays ayant le plus contribué historiquement aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Ils auraient émis plus 400 milliards de tonnes de CO2 depuis 1751, talonné de près par l’Union européenne et ses 350 milliards de tonnes émises depuis la même date.

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Quels sont les émissions de GES du secteur énergétique mondial en 2022 ?

En Europe, l’Allemagne est le pays le plus émetteur de CO2. Ce résultat s’explique principalement par l’importance du charbon dans son mix énergétique. La capacité nucléaire de la France la place plutôt en bonne position. Mais, la relative baisse des émissions européennes depuis une quinzaine d’années est à nuancer par la quantité d’émissions importée dans les pays européens par leur consommation de biens produits à l’étranger.

L’inégalité des rejets de CO2 se retrouve quand on les rapporte à la population de chaque pays. Ainsi, les Américains et les Russes sont ceux qui rejettent le plus de CO2 par habitant. La Chine qui est désormais l’un des pays les plus pollueurs au monde se trouve désormais au même niveau que les pays de l’Union européenne avec 7 tonnes de CO2 par habitant.

Quels sont les émissions de GES du secteur énergétique mondial en 2022 ?

Le graphique ci-dessous montre les émissions des gaz à effet de serre (GES) de
chaque secteur pour l’année 2019. Contrairement aux précédents, il prend en
compte tous les GES et non pas uniquement le CO2. Les GES sont au
nombre de 8 (voir le détail ci-dessous).

Ces gaz n’ont pas tous les mêmes conséquences sur le réchauffement climatique, ni
la même durée de vie. Par exemple, le GIEC considère qu’une tonne de méthane
émise dans l’atmosphère aura sur 100 ans la même conséquence sur la hausse des
températures que 28 tonnes de CO2. Afin d’avoir une vision globale
des émissions qui impacteront le réchauffement climatique, les scientifiques
mesurent les émissions de GES en équivalent de CO2 (eq CO2).
Cette prise en compte de tous les GES se justifie pour l’analyse des émissions
des secteurs car certains d’entre eux produisent peu de CO2 mais
beaucoup de méthane comme l’agriculture. La production d’électricité et le
chauffage restent les secteurs les plus émetteurs, suivis des transports et de
la production et la construction. Et contrairement aux idées reçues, le secteur
aérien arrive en bon dernier de la liste avec le transport maritime. Quant au
secteur du numérique, il représente une part croissante des émissions mondiales
qui sont intégrées dans les calculs propres à chaque secteur répertorié
ci-dessous. Toutefois, le numérique pris isolément (production d’ordinateurs,
de téléphones, alimentation des serveurs, électricité utilisée pour charger les
appareils…) représentait 3,9 % des émissions mondiales de GES en 2019 avec
la perspective d’atteindre 5,5 % en 2050, selon différentes projections.

  • Le dioxyde de carbone (CO2)
  • La vapeur d’eau (H2O)
  • Le méthane (CH4)
  • L’ozone (O3)
  • Le protoxyde d’azote (N2O)
  • Les hydrofluorocarbures
  • Les perfluocarbures (PFC)
  • L’hexafluorure de soufre (SF6)

Aujourd’hui, le réchauffement de la planète est de + 1,1°C par rapport à la période préindustrielle. Le GIEC a travaillé sur les différentes trajectoires possibles en termes d’émissions de GES globale. Chaque scénario est associé à l’augmentation des températures à horizon 2100.

Le graphique montre d’abord quelle devrait être l’évolution des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre respectivement une limitation des hausses de température à 1,5 °C, puis à 2 °C.

Sont ensuite évalués, sur la courbe des émissions de GES, les effets des différentes politiques de réduction susceptibles d’être mises en place et poursuivies. Le niveau de « Optimistic net zero target » serait atteint si les pays tiennent leurs objectifs en termes de neutralité carbone. Celui de « Pledges and target » prend en compte les objectifs en termes de réduction des émissions de CO2 pris par les pays dans le cadre d’accords internationaux (protocole de Kyoto, Accord de Paris…). Celui de « Current policies » représente les politiques menées aujourd’hui pour lutter contre le rejet des émissions de GES. Celui de « Baseline » correspond à l’évolution des émissions de GES si aucune action de réduction n’avait été prise. Il est calculé sur la base d’une concentration atmosphérique d’équivalent CO2 supérieur à 1.000 ppm.

La conclusion de ces projections est que ni les politiques menées aujourd’hui, ni les objectifs que se fixent les pays ne seront suffisants pour avoir un réchauffement nettement inférieur à + 2 °C en 2100. Selon le dernier rapport du PNUE, « Emissions Gap Report », les contributions nationales actuelles nous mène déjà sur une trajectoire de réchauffement de 3,2° C d’ici la fin du siècle

Quels sont les émissions de GES du secteur énergétique mondial en 2022 ?

Pourtant, discuté en 2015 lors de la COP21 et ratifié par 183 pays, l’Accord de Paris représente un engagement inédit mondial pour la lutte contre le réchauffement climatique. Son objectif vise à empêcher une hausse de plus de 2 °C des températures mondiales par rapport à l’époque préindustrielle.

Pour l’atteindre, toutes les parties sont invitées à proposer des « Contributions déterminées au niveau national » (CDN) correspondant aux politiques climatiques que chaque pays s’engage à tenir pour diminuer ses émissions de GES. Malheureusement, 5 ans après l’élaboration de l’accord, et alors que les Etats-Unis en sont officiellement sortis en 2019, très peu de pays ont pris des engagements suffisamment importants pour atteindre ces objectifs. Seuls le Maroc et la Gambie ont des trajectoires d’émission de GES respectant une hausse des températures de + 1,5 °C. Les pays développés comme les pays de l’Union européenne, le Canada ou l’Australie suivent des politiques qui amèneraient à une augmentation des températures d’environ 3 °C en 2100 avec des conséquences désastreuses sur nos modes de vie et la biodiversité.

En 2019, le GIEC estimait qu’un réchauffement à + 1,5 °C devrait être atteint entre 2030 et 2052, soit bien plus rapidement que la trajectoire fixée par l’Accord de Paris. Afin de respecter les objectifs de la COP21, l’organisation scientifique préconise des baisses drastiques de l’ordre de 45 % d’ici 2030 de la globalité de nos émissions de GES par rapport à celles de 2010.
Selon elle, si aucune action n’est prise, il sera bientôt trop tard pour pouvoir espérer contenir le processus de réchauffement.

Parmi les secteurs prioritaires devant réduire leurs émissions de GES figure celui de l’énergie, responsable de 70 % des émissions mondiales. L’abandon progressif du charbon, le développement accéléré des sources d’énergie renouvelables, l’électrification des transports sont d’ores et déjà en cours dans de nombreux pays. Mais le bâtiment, l’industrie, les transports, l’agriculture devront également se transformer rapidement. L’innovation joue un rôle majeur dans le développement de nouvelles solutions sobres en carbone permettant de changer la nature de l’offre.

Il faut aussi compter sur les mesures permettant de diminuer la demande. Comme, par exemple, l’amélioration du rendement énergétique des bâtiments, la baisse de la consommation de produits générateurs de GES, le changement de comportement et de mode de vie.

A notre échelle individuelle, nous pouvons donc aussi contribuer en faisant évoluer nos habitudes de consommation, en sensibilisant nos enfants, en respectant la nature.
Un français produit chaque année en moyenne 10,8 tonnes de GES selon une étude de Carbon 4.  Celle-ci montre comment chacun de nous pourrait atténuer son empreinte de quelque 20 %, représentant 2,8 tonnes de GES. Le seul fait d’adopter un régime végétarien permet de réduire en moyenne de 10 % les émissions annuelles d’un individu. 

Texte : Françoise Blind-Kempinski et Louise Motte-Moitroux
Infographie : Jules Grandin

Quel secteur émet le plus de GES ?

En 2018, la production d'électricité reste le premier secteur émetteur de CO2 dans le monde, avec 41 % du total des émissions dues à la combustion d'énergie. Elle est suivie par les transports (25 %) et l'industrie (18 %, y compris la construction).

Quelles sont les principaux GES ?

Ils sont appelés « gaz à effet de serre » (GES) et formés essentiellement de vapeur d'eau, de dioxyde de carbone (CO2 ou gaz carbonique), de méthane (CH4), de protoxyde d'azote (N2O) et d'ozone (O3).

Quel pourcentage des émissions mondiales de gaz à effet de serre GES est émis par les technologies de l'information et de la communication TIC ?

Anne-Cécile Orgerie : Dans leur ensemble, les TIC, c'est-à-dire tous les équipements informatiques qui permettent de traiter, stocker, communiquer à distance par voie électronique, représentent entre 2 à 10 % des émissions de dioxyde de carbone selon les études, avec un consensus autour de 4-5 %.

Quel est le GES qui possède le plus fort pouvoir de réchauffement ?

1. La vapeur d'eau (H2O) le plus important des gaz à effet de serre naturellement présents dans l'atmosphère. est créé par l'évaporation de l'eau présente à la surface de la Terre.